10 routines à mettre en place
1. Aller avec lui aux toilettes et prendre le temps nécessaire à cet apprentissage
# Les enfants ne pensent pas à aller aux toilettes régulièrement, cela s’apprend ! De plus, les passages aux toilettes sont souvent associés au pipi et parfois trop rapides (s’il n’y a pas de pipi, on enlève souvent trop rapidement l’enfant des toilettes).
2. Il faut ritualiser la routine du passage aux toilettes pour aller à la selle
# Environ 10 à 15 minutes après avoir pris un repas, il est fréquent de ressentir une envie d’aller à la selle en raison d’un réflexe naturel. C’est le bon moment pour accompagner votre enfant aux toilettes.
# En établissant des horaires réguliers, on encourage également l’enfant à faire ses selles à la maison, ce qui évite de s’inquiéter s’il les a faites ailleurs et d’être confronté à des périodes prolongées sans selles. Cela permet à l’enfant de comprendre que faire ses selles est une action volontaire et que cela ne « survient pas » de manière imprévisible.
3. Passer un temps suffisant aux toilettes, cela s’apprend aussi
# Un temps pour cela doit être prévu dans son l’emploi du temps de votre enfant. Il faut lui laisser du temps (10 à 15 min sur les toilettes) et renforcer positivement en le félicitant du fait qu’il soit resté sur les toilettes tout ce temps qu’il y ait des selles ou pas, surtout au début.
# Au départ, on ne peut pas laisser l’enfant tout seul et faire autre chose en attendant. Pour beaucoup d’enfants, c’est au début un moment stressant, ils ont besoin de votre soutien. Il faut l’accompagner dans cet apprentissage comme pour tout le reste ou lui réapprendre les « bonnes pratiques » sans que cela soit un moment forcément de solitude.
# Il est important de trouver des stratégies pour que l’enfant reste aux toilettes suffisamment longtemps et que cela ne soit pas vécu comme une punition.
4. Une bonne installation aux toilettes est indispensable
# Il faut que cela soit propre et confortable ! Être en équilibre instable sur une lunette de toilettes trop grande, le dos non tenu, les pieds dans le vide peut générer du stress pour l’enfant. Pour pousser, il faut que les pieds soient en appui sur le sol. Les jambes doivent être bien fléchies, les genoux un peu au-dessus des fesses.
# Un adaptateur est indispensable pour les petits, éventuellement avec un dosseret. Il faut prévoir un petit tabouret, rehausseur (comme celui que l’on peut utiliser pour que l’enfant soit à hauteur du lavabo dans la salle de bain) pour que l’enfant soit bien installé : toucher le sol de la pointe des pieds suffit pour l’équilibre mais ne suffit pas pour pousser. L’installation doit être ritualisée aussi, cela fait comprendre à l’enfant pourquoi il est là.
5. Comment pousser pour que cela soit plus efficace ?
# Pour pousser, il ne faut pas se contenter d’utiliser seulement les muscles du ventre mais plutôt contracter le diaphragme. Le diaphragme est un grand muscle qui sépare le thorax et le ventre et il fonctionne avec la respiration.
# Une méthode efficace consiste à apprendre à l’enfant à inspirer profondément (prendre beaucoup d’air), puis à fermer la bouche et à expirer fortement par la bouche, comme pour souffler un grand coup.
6. Il est important de féliciter l’enfant qu’il y ait une selle ou pas, s’il est resté un temps suffisant
# Ne pas interrompre tout de suite après la première selle (il peut y en voir d’autres et l’enfant ne va pas le dire).
7. Noter la fréquence des selles et faire un calendrier
# L’idéal est d’accrocher au mur des toilettes un calendrier, ce qui permet de se rendre compte plus tôt d’une absence de selles depuis plusieurs jours. S’il est constipé, c’est plus difficile pour lui et il faut plus de temps… Vous pouvez faire participer votre enfant qui pourra mettre un autocollant pour chaque selle.
8. Noter l’aspect des selles
# La constipation ne se limite pas seulement à une fréquence réduite des selles, elle implique également des selles dures plus difficiles à évacuer voire douloureuses.
# Il existe une échelle de Bristol des selles : cela va du type 1 (selles dures et morcelées ) au type 7 (diarrhée, selles liquides). Ce qui est souhaitable pour l’enfant car non douloureux, c’est une selle de type 4 (selle moulée, assez molle, en forme de saucisse)
# Vous pouvez noter sur le calendrier de quel type sont les selles de votre enfant et faites le participer s’il le peut à cette évaluation en affichant aussi l’échelle de Bristol des selles dans les toilettes. Beaucoup d’enfants adorent voir ces images qui apportent un aspect « ludique » : cela peut faire partie des renforçateurs que l’on peut utiliser.
9. Essuyer délicatement les fesses de votre enfant et ne pas oublier qu’il peut avoir mal au niveau de l’anus si l’évacuation des selles a été difficile
# Parfois quand la zone est très sensible, il faut d’abord humidifier le papier toilette ou plus simplement utiliser une lingette. Si l’enfant peut, veut le faire, la lingette est plus facile à utiliser au début.
# Pensez à ne pas tout obtenir en même temps, l’essuyage (efficace) est un autre apprentissage.
# C’est comme le bain, on peut apprendre à se savonner mais ensuite le parent repasse derrière pour « compléter » ou « vérifier ».
10. Dernières étapes : le rhabillage et le lavage des mains
# Cela vient en fin de processus, il faut se souvenir que là aussi, on ne peut pas tout obtenir en même temps et que l’enfant a déjà fait beaucoup d’efforts et y a consacré du temps.
# N’hésitez pas à l’aider si besoin pour le rhabillage et le lavage des mains
Questions / réponses sur les routines à mettre en place
# Que faire lorsque mon enfant a un “accident” lié à la constipation ?
- Lorsque votre enfant a un “accident » lié à la constipation, il ne le fait pas intentionnellement. Il ne s’agit pas d’une forme d’opposition de sa part.
- La constipation qui induit un inconfort et parfois des douleurs est une condition médicale qui nécessite un traitement approprié. Il est important de comprendre que l’enfant ne doit pas être puni pour cela. Cela pourrait en effet renforcer l’idée que tout ce qui concerne les selles est source de mal être, et agir comme un renforcement négatif qui entrave l’apprentissage.
- Attention à ne pas stigmatiser la situation. La constipation et l’encoprésie ne sont pas des signes d’une difficulté psychiatrique ou psychologique.
# Combien de temps cela va prendre ?
- Comme tout apprentissage, cela ne se fait pas en un jour. Il faut être patient, se fixer des objectifs réalisables et s’y tenir sans découragement. Cela prend souvent des mois et c’est normal. Il peut y avoir des « rechutes » et c’est aussi normal.
- Un échec ne signifie pas que cette méthode ne convient pas, il faut persévérer sans se décourager et ne pas hésiter à en parler, consulter s’il n’y a aucun progrès.
- La mise en place de ce protocole pour aller à la selle correspond à ce qui est dit lors des consultations de gastro-entérologie pour constipation en première intention. Appliquer ces conseils n’est jamais une perte de temps.
# Comment expliquer la constipation à mon enfant ?
- Il faut parler à l’enfant de ce sujet comme un autre et expliquer les choses simplement en s’adaptant à ce qu’il peut comprendre. Ce n’est pas quelque chose de mystérieux que l’on évite d’aborder avec l’enfant. Il faut rassurer, poser des questions si besoin (« as-tu mal ? ») et expliciter oralement chaque étape si besoin. Certains enfants ont besoin de comprendre d’où viennent ces selles car ce qui n’est pas compris peut inquiéter et contrairement à beaucoup d’autres domaines, il ne peut pas apprendre par imitation.
- Il y a des livres qui expliquent la digestion aux enfants tels que Le grand livre animé du corps, Mini Doc’ Le corps humain. L’utilisation d’un support visuel représentant l’évacuation des selles peut aider à la compréhension : certains de ces livres permettent même de tirer sur une languette pour simuler le mouvement d’élimination des selles.
# Quand dois-je agir ?
- Le plus tôt sera le mieux ! Il ne faut pas penser que cela va s’arranger tout seul. Le plus souvent, cela s’aggrave si on néglige le problème. Votre enfant a besoin d’être aidé et le plus tôt possible sera le mieux pour lui. Plus on attend, plus le cercle vicieux se met en place et plus il faut du temps pour que cela s’améliore progressivement.
- Il n’est jamais trop tard pour bien faire, même après des années difficiles, votre enfant et vous-même y gagneront en qualité de vie.
# Est-ce normal pour mon enfant avec trouble du spectre de l’autisme ou trouble du développement intellectuel souffre de constipation ?
- Ce n’est pas parce que votre enfant présente un trouble du neurodéveloppement, comme un trouble du spectre de l’autisme ou un trouble du développement intellectuel, qu’il est normal qu’il soit constipé et qu’il souffre de cela. Cela touche beaucoup d’enfants sans trouble du neurodéveloppement également. Le mécanisme est le même et la conduite à tenir sera la même. Il faut juste adapter les préconisations générales au cas particulier de votre enfant, ce que vous faites déjà au quotidien pour d’autres aspects.
- Ce n’est pas un « petit problème » par rapport à d’autres difficultés, cela rend plus difficile la vie de votre enfant et donc la vôtre aussi au quotidien.
# Quand dois-je consulter ?
- Il est important de consulter votre médecin dès que vous identifiez une constipation chez votre enfant.
- Il faut garder à l’esprit que l’objectif est que votre enfant ait une selle normale quotidienne (type 4 de l’échelle de Bristol).
- Les mesures d’hygiène et d’éducation décrites sont nécessaires au rétablissement d’un transit régulier et confortable mais ne suffisent pas à elles seules à traiter la constipation et à prévenir de nouveaux épisodes. L’association de ces mesures avec un traitement médicamenteux est généralement indispensable.
- Votre médecin pourra alors vous conseiller d’associer un traitement médicamenteux à ces mesures et permettre de traiter la constipation et d’en éviter les conséquences à moyen et long terme.
Consultez la partie 1 pour plus d’information.