TSA en primaire : prendre en compte les particularités sensorielles

Rédigé par Ariane Cartigny (Psychologue), Elise Humeau (Pédopsychiatre), Moran Iquel (Enseignante), Andréa Koch (Psychologue) et Sara Ramos Pereira (Psychologue), Richard Delorme (Chef du service de pédopsychiatrie)

Des aménagements peuvent être mis en place pour faciliter l’inclusion et l’épanouissement des élèves TSA. Il s’agit de propositions et de potentiels outils. Les aménagements mis en place dans le contexte scolaire sont toujours le fruit d’une réflexion collégiale incluant l’équipe enseignante, les parents et les professionnels de santé. 

Cette liste n’est pas exhaustive et n’est pas applicable en l’état à tous les enfants avec un TSA, les TSA étant caractérisés par une grande variabilité inter-individuelle.  Ces aménagements pourront donc être adaptés à chaque enfant et hiérarchisés en fonction de ses besoins et de ses spécificités, du contexte d’enseignement et des choix pratiques de son enseignant·e afin de favoriser les situations de réussite.

Cette fiche s’adresse aux équipes pédagogiques et plus particulièrement aux professeurs des écoles qui ont dans leur classe un élève ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). 


Prendre en compte les particularités sensorielles


# Les particularités sensorielles qu’est-ce que c’est ? 

Le traitement sensoriel via la vue, le toucher, l’odorat, le goût, l’audition ou encore la proprioception (la perception de son corps dans l’espace liée à des récepteurs internes) peut être atypique chez les enfants avec un TSA. En effet, ils peuvent avoir des hyper-sensibilités (c’est-à-dire percevoir de façon exacerbée certains types de stimuli sensoriels) et/ou des hypo-sensibilités (c’est-à-dire percevoir de façon très atténuée certains types de stimuli sensoriels). Ces sensations varient d’une personne à l’autre mais aussi d’un sens à l’autre pour un même individu : un enfant peut par exemple être hypersensible aux bruits mais pas aux odeurs ou encore hypersensible à certains bruits mais pas à d’autres. 

1/ L’hypersensibilité peut engendrer des réactions inhabituelles (ex : irritabilité, agacement, comportements d’évitement) ou accentuer la fatigue de l’enfant du fait de la surcharge sensorielle. Par exemple : 

  • Il pourra se sentir rapidement gêné ou être facilement fatigué par le bruit en classe. 
  • Il pourra aussi se sentir mal à l’aise s’il est en contact avec certaines matières (ex :  sable, papier calque, certains tissus) ou lors d’activités avec des contacts physiques (jeux dans la cour de récréation ou en cours de sport)

2/ L’hyposensibilité peut amener l’enfant à avoir des comportements de recherche ou de stimulation sensorielle, qui peuvent parfois ne pas être adaptés au contexte. Par exemple : 

  • Il pourra avoir des contacts physiques très marqués avec les autres ou passer de longs moments à jouer à un jeu sonore ou lumineux.
  • Il pourrait aussi être particulièrement bruyant ou faire beaucoup de bruits de bouche. Il pourra aussi réagir peu, voire pas du tout, lorsqu’il se blesse ou qu’il est malade.

 

# Quels aménagements pour  améliorer la gestion sensorielle des enfants en classe ? 

Certaines stratégies permettent de diminuer les stimulations sensorielles trop importantes : 

  • Épurer les murs de la salle pour ne conserver que ce qui est essentiel pour la leçon abordée et désigner explicitement l’emplacement du support correspondant à l’activité.
  • Concevoir des supports d’activité et d’exercice accessibles : choix de polices de caractères simples, pictogrammes, sobriété chromatique, élimination des distracteurs.
  • Déterminer un endroit dans la classe où l’élève pourra se ressourcer en cas de sur-stimulation auprès de choses qu’il apprécie en fonction de ses sujets de prédilections (ex :  dinosaures, trains…).
  • Proposer des objets sensoriels adaptés définis avec les intervenants qui le connaissent, par exemple un casque anti-bruit ou des bouchons d’oreilles peuvent-être une aide précieuse dans la gestion des stimulations auditives. Par ailleurs, certains enfants peuvent avoir besoin d’être sans cesse en mouvement. On peut alors disposer un coussin sur sa chaise ou un élastique entre les pieds de la chaise pouvant soulager l’enfant. Dans les situations où l’enfant aurait besoin de manipuler, certains objets tels que les fidgets, pop-it, balles sensorielles peuvent maintenir l’attention et permettre à l’enfant d’être plus disponible lors des temps collectifs. Des sièges ballons ou des vélos-bureaux peuvent également être proposés.

 

# Quels aménagements pour améliorer la gestion sensorielle des enfants durant les temps périscolaires ? 

  • Permettre l’accès à un espace calme où il peut se retirer parfois lors de la récréation. Les temps de récréation peuvent en effet être difficiles pour l’enfant car ils sont sources de nombreuses stimulations (trop de bruits, mouvements…). 
  • Matérialiser par un marquage au sol des espaces différenciés dans la cour de récréation, espace jeux calmes, espace jeux physiques, espace jeu de ballons, etc.
  • Prendre en compte l’hypersensibilité tactile : lui proposer de se tenir en rang à côté de son camarade mais ne pas l’obliger à lui tenir la main si ce geste le gêne. De la même manière, aménager les jeux collectifs qui normalement nécessitent des contacts physiques (ex. jeux de ronde par exemple nécessitant de toucher d’autres enfants).
  • Sensibiliser les adultes présents sur les temps de cantine pourra permettre d’intervenir rapidement et ainsi d’éviter à l’enfant d’être en difficulté. En effet, la cantine est un lieu aux multiples interactions (personnel de cantine, enfants, animateur.trices) avec parfois beaucoup de bruits, d’odeurs etc. Identifier les éventuelles sélectivités alimentaires et les indiquer au personnel de restauration.
  • Interroger l’enfant lorsqu’il se blesse ou qu’il semble malade. Comme il peut ne pas systématiquement dire s’il a mal ou qu’il se sent mal, des supports visuels peuvent faciliter la recherche de la douleur ou d’une gêne physique.
  • Prévenir les faits de harcèlement que peuvent subir des élèves TSA qui ont tendance à se réfugier et à s’isoler dans des coins tranquilles de la cour de récréation souvent hors de la surveillance visuelle des adultes.

 

Par ailleurs, des entretiens structurés avec les familles sont utiles à programmer pour recueillir des informations concernant :

  • la vie quotidienne de l’enfant : sommeil, alimentation, occupations préférées, etc.
  • son vécu scolaire (comme il perçoit l’école, ses appréhensions, ses activités favorites, etc.)
  • son implication dans les devoirs et les leçons

Ces entretiens permettent également de répondre aux questions des parents sur ce qui se passe à l’école, les devoirs donnés, le comportement en classe, etc. Insister sur les progrès permet de rassurer les familles et d’établir dans la durée une relation de confiance et de coopération.

 


Lien vers des supports pour vous aider à comprendre et aller plus loin

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