Nous y exposerons certains aménagements qui peuvent être mis en place pour faciliter l’inclusion et l’épanouissement des élèves TSA. Il s’agit de propositions et de potentiels outils. Les aménagements mis en place dans le contexte scolaire sont toujours le fruit d’une réflexion collégiale incluant l’équipe enseignante, les parents et les professionnels de santé.
Cette liste n’est pas exhaustive et n’est pas applicable en l’état à tous les enfants avec un TSA, les TSA étant caractérisés par une grande variabilité inter-individuelle. Ces aménagements pourront donc être adaptés à chaque enfant et hiérarchisés en fonction de ses besoins et de ses spécificités, du contexte d’enseignement et des choix pratiques de son enseignant·e afin de favoriser les situations de réussite.
Cette fiche s’adresse aux équipes pédagogiques et plus particulièrement aux professeurs des écoles qui ont dans leur classe un élève ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA).
Soutenir les interactions sociales à l’école
# Les habiletés sociales qu’est-ce que c’est ?
Les habiletés sociales sont un ensemble de capacités qui nous permettent de percevoir et de comprendre les messages communiqués par les autres et d’émettre une réponse de façon appropriée à une situation. Les difficultés dans les habiletés sociales sont une des spécificités des enfants avec un TSA. Elles impactent leurs relations sociales et peuvent se traduire, à l’école, par des conduites perçues comme atypiques dans le tissage de liens amicaux ou dans la gestion de conflits. Dans la classe et les temps périscolaires, un enfant avec un TSA peut par exemple avoir des difficultés à :
- Garder des distances physiques appropriées avec les autres : par exemple, il peut se tenir trop près ou trop éloigné de la personne à qui il s’adresse.
- Comprendre le langage non verbal des autres enfants : dans la gestuelle, la posture, le regard, l’intonation, les expressions faciales.
- Initier spontanément les échanges avec les autres enfants : par exemple, pour participer à une activité de groupe ou demander de l’aide en classe.
- Réagir lorsqu’on le sollicite: par exemple, il ne regarde pas dans les yeux ou n’exprime pas de réponse socialement attendue.
- Comprendre les règles de la conversation et de conduite en classe : par exemple, il peine à écouter les autres enfants parler ou à prendre la parole quand c’est son tour.
- Comprendre le second degré et l’ironie (ex.”vous avez l’air bien réveillé!”) ; l’implicite (ex. “il est tard” sous entendu “l’activité se termine”) ; les mots à double sens (ex. les feuilles des arbres/les feuilles papier) et les expressions imagées (ex. “il pleut des cordes”). Les enfants avec un TSA ont souvent une compréhension littérale des énoncés (ex. “appuie toi sur ce qui est écrit au tableau”). Il est donc nécessaire d’expliciter les consignes et les énoncés.
- Décoder leurs propres états mentaux comme par exemple leurs émotions, leurs sentiments, leurs besoins, leurs désirs, et réciproquement ceux des autres enfants.
- Décoder et expliciter les règles tacites qui régissent les interactions entre enfants hors de la classe (cour de récréation, cantine).
- S’exprimer de façon concise et structurée : par exemple, le discours peut vite perdre en compréhension, l’enfant préférant parler de ses intérêts spécifiques.
# Quels aménagements en classe pour les soutenir ?
- Favoriser la demande d’aide s’il est en difficulté : lui rappeler souvent qu’il peut lever la main ou éventuellement se déplacer directement vers l’enseignant·e et dans la mesure du possible, lui demander de façon individuelle et récurrente s’il a besoin d’aide (à la fin d’une consigne par exemple sur un temps d’autonomie).
- Favoriser sa participation durant les temps de groupe : pour lui donner une chance de participer, proposer aux élèves d’attendre 5 secondes avant de répondre à une question en le matérialisant avec un décompte sur les doigts d’une main et de ne répondre que s’ils ont été nommés au préalable.
- Favoriser une prise de parole adaptée : On peut utiliser des pictogrammes pour aider l’enfant à savoir à quel moment sa participation est attendue (ex : pictogramme « je peux prendre la parole » mis en évidence par l’enseignant au moment voulu). Il est également important de garder à l’esprit que cet enfant peut avoir besoin de plus de temps pour formuler son idée ou sa réponse. Ne pas hésiter à l’aider dans la construction de sa prise de parole.
- Lui proposer de faire des exposés sur les sujets qui l’intéressent, ce qui sera à la fois un travail scolaire et l’occasion pour lui de partager ce qu’il aime avec les autres élèves. Il faudra le prévenir que les prochains exposés seront sur des sujets qui seront différents afin de lui permettre d’anticiper.
- Lors d’activités d’expression orale, être vigilant à certains comportements et certaines compétences à favoriser comme : mettre l’intonation dans le récit oral, pendant la lecture d’un texte ou pour la récitation d’une poésie, ajuster le regard et la gestuelle lors d’un exposé. Il est souvent utile de travailler les compétences les unes après les autres (par exemple, travailler sur l’intonation puis quelques semaines plus tard sur le regard, puis ensuite sur la position du corps).
- Lui permettre de faire usage de certains supports pour structurer son récit : certains enfants écriront par exemple beaucoup de détails et d’autres pas assez et iront trop rapidement à l’essentiel. Par exemple des fiches-outils préparées par les professionnels l’accompagnant (orthophoniste, éducateur, psychologue) pourront être bénéfiques et aideront l’enfant à structurer son récit (situation initiale, élément perturbateur, péripéties, dénouement) et à indiquer ce qui est attendu (nombre de lignes par exemple).
- L’aider à comprendre les règles de conduite en classe : des indices peuvent être utilisés, comme des pictogrammes, reprenant les règles de la classe.
# Quels aménagements lors des temps périscolaires pour les soutenir ?
Les temps périscolaires tels que la récréation, la cantine, l’étude, l’accueil du matin et du soir, peuvent être difficiles pour les enfants avec un TSA car moins encadrés par les adultes et moins structurés que les temps d’apprentissage. L’enfant peut alors être davantage confronté à ses difficultés de socialisation. La contribution des animateurs/animatrices du périscolaire est majeure pour accompagner les compétences sociales de l’enfant :
- En l’aidant à adopter des distances adaptées entre lui et les autres : On peut lui rappeler qu’il faut la distance d’environ un bras entre deux personnes. Il peut aussi être nécessaire de sensibiliser les autres enfants pour qu’ils réagissent avec calme.
- En l’aidant et en lui expliquant comment attirer l’attention d’un camarade de manière adaptée : l’appeler par son prénom et le regarder. De plus, la présence d’un adulte, comme l’AESH par exemple, peut être bénéfique pendant les temps de récréation afin d’aider l’enfant à s’intégrer aux activités de ses camarades.
- En favorisant sa participation dans des groupes d’enfants ou de jeux, afin qu’il ne soit pas isolé. Veiller à un bon équilibre entre les désirs de l’enfant de vouloir être seul (parfois c’est un temps de décompression important après les apprentissages) et la nécessité de le ramener au groupe de manière régulière et de le guider dans ses interactions.
- En désamorçant les conflits qui peuvent reposer sur des malentendus en lien avec de possibles difficultés de compréhension qu’il peut avoir du comportement des autres (par exemple les sous-entendus, l’implicite, les mots à double sens, les blagues et la taquinerie) ou du contexte social; ou à l’inverse qu’il peut induire par une mauvaise compréhension qu’auront ses pairs de comportements inhabituels ou paraissant étranges. Il peut ainsi être nécessaire d’expliciter ces situations et de solliciter la bienveillance de ses camarades.
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