
Certaines périodes de stress peuvent introduire de nouvelles peurs dans la vie de vos enfants. Pour certains enfants, ces pensées sont récurrentes et entraînent des comportements ritualisés pour les apaiser. Pour d’autres, elles peuvent surgir ou s’intensifier soudainement. Cette fiche propose des informations et des conseils pour accompagner votre enfant face à ces difficultés. Cette fiche vous propose quelques conseils pour aider votre enfant.
TOC et SOC : quelles différences ?
Le Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC) se manifeste par des obsessions et compulsions qui perturbent significativement la vie sociale, familiale ou scolaire de l’enfant. Ce diagnostic est posé par un médecin.
Les Symptômes Obsessionnels Compulsifs (SOC), quant à eux, entraînent des obsessions et compulsions moins envahissantes, sans impact majeur sur le quotidien. Dans ce cas, l’enfant peut les gérer sans trop de difficulté.
- Les compulsions sont des comportements ou pensées répétitifs que l’enfant adopte pour apaiser l’angoisse liée aux obsessions. Par exemple, il peut se laver les mains de manière excessive par peur des microbes. Ces comportements procurent un soulagement temporaire mais entretiennent un cercle vicieux : chaque obsession renforce la nécessité de la compulsion.
- Les obsessions sont des pensées, images ou idées envahissantes et involontaires, associées à des émotions désagréables comme la peur, le dégoût ou la culpabilité. Par exemple, un enfant peut craindre qu’un proche tombe gravement malade ou qu’il soit responsable d’un malheur.
Pourquoi votre enfant évite certaines situations ?
A la différence de la peur qui est là pour nous avertir d’un danger, l’anxiété est une tendance à se faire du souci de façon excessive à propos de quelque chose. Pour ne pas ressentir cette anxiété et pour tenter de réduire les compulsions, l’enfant va éviter les situations qui déclenchent les obsessions et les compulsions : c’est ce qu’on appelle les évitements. Par exemple, l’enfant va éviter de toucher toutes les poignées de porte de la maison qui évoquent chez lui l’idée d’être contaminé, ce qui le pousse à se laver les mains de manière excessive.
Plus l’enfant évite une situation qui l’inquiète, plus il se sent incapable de l’affronter à nouveau. L’anxiété augmente en intensité et en fréquence, et les comportements inadaptés pour l’apaiser avec. On se fait parfois davantage de souci à l’idée de faire quelque chose en comparaison de l’anxiété réellement ressentie en réalisant cette action.
Faire face aux situations redoutées : une étape essentielle
Confronter progressivement votre enfant à ce qui le rend anxieux est une clé pour diminuer ses obsessions et compulsions. Ce processus, appelé exposition graduelle, repose sur plusieurs principes :
- L’anxiété finit toujours par diminuer naturellement. Lorsqu’un enfant s’expose à une situation qui lui fait peur, son anxiété augmente, se stabilise, puis diminue.
- L’exposition doit être progressive. Fixez avec votre enfant des objectifs atteignables pour éviter l’échec. Par exemple, toucher une poignée de porte avant de se laver les mains, puis augmenter la durée avant de se laver.
Avec le temps et la répétition, l’anxiété diminue en intensité et en durée. C’est ce qu’on appelle le phénomène d’habituation.

Comment aborder les obsessions ?
# Une obsession, c’est juste une pensée. Ces pensées ne sont que des pensées. Ne cherchez pas à faire des interprétations sur une signification que révélerait ces obsessions. Il n’y a rien à comprendre sur la thématique en elle-même. Il nous arrive à tous d’avoir des pensées inhabituelles, excessives ou saugrenues. Elles ne signifient pas que l’enfant a de mauvaises intentions, elles révèlent juste que l’enfant a un TOC. Ces pensées sont comme des parasites dont l’enfant n’est pas responsable.
# Ce ne sont pas des pensées magiques. Certains enfants ont peur que leurs pensées se réalisent. Ce n’est pas parce qu’on imagine très fort quelque chose que cela va se produire (J’essaie pourtant de penser très fort que je suis milliardaire, en vain !).
# On ne peut pas résister aux pensées… Les pensées viennent et partent comme bon leur chante. Il est difficile d’éviter de penser à quelque chose volontairement ! Faites un petit test chacun à votre tour. La consigne : interdiction de penser à un ours polaire pendant 3 minutes. A chaque fois que vous y pensez, levez la main. Vous allez remarquer qu’en voulant vous empêcher de penser à quelque chose, cela se met au contraire dans votre esprit.
# …Mais votre enfant est le maître de ce qui se passe dans sa tête ! Proposez à l’enfant d’inventer un petit personnage du TOC pour mettre à distance ces pensées et dédramatiser. Imaginez qu’on lui met du scotch sur la bouche, qu’on l’enferme dans une boîte, qu’il a une voix de canard ou parle sur l’air de joyeux anniversaire, pour donner moins d’impact à ces pensées.
# Le doute fait partie de la vie. Le TOC est souvent construit autour de quelque chose de réel. Effectivement, les microbes, les maladies et des catastrophes sont présents dans nos vies. Il peut être dangereux de rentrer dans des discussions sur la probabilité ou sur la réalité de ces peurs il faut aussi accepter que l’on ne peut pas tout contrôler. Dans la vie réelle, on ne peut garantir quelque chose à 100%, il y a très souvent un doute à tolérer.
# On peut penser différemment. Prenez l’exemple du copain de votre enfant qui n’a pas forcément besoin de vérifier autant ou de se laver les mains après avoir touché une poignée de porte à l’intérieur de la maison. Lui est-il arrivé quelque chose de grave ?
# Quelle est la probabilité que l’événement redouté arrive ? Si votre enfant croit qu’il y a une grande chance que l’événement se réalise, proposez-lui un petit calcul de probabilité. Multipliez l’âge de l’enfant par 365, et vous voilà avec le nombre de jours vécus depuis sa naissance. Combien de fois sur tous ces jours-là l’événement est-il réellement arrivé ?
10 conseils pour accompagner votre enfant face aux TOC
- Poursuivez le traitement. Si votre enfant prend un traitement médicamenteux, continuer le traitement. N’hésitez pas à contacter le médecin référent si vous observez des changements dans son comportement (humeur, appétit, sommeil) et la consultation de suivi programmée doit être respectée.
- Ne participez pas aux rituels. Il vous est difficile de voir votre enfant en souffrance dans des petits actes du quotidien. Il arrive que pour l’apaiser ou pour gagner du temps vous réalisiez certaines choses à sa place. En réagissant ainsi, vous lui permettez d’éviter de se confronter à ce qui lui fait peur et vous limitez la possibilité pour lui de sentir son anxiété diminuer naturellement. Plus votre enfant évite une situation qui l’inquiète, plus il se sent incapable de l’affronter à nouveau. N’hésitez pas à rappeler : « C’est le TOC là, ton anxiété va finir par passer, si je fais ce que tu me demandes, ça va donner plus de force au TOC, et moi je veux t’aider toi !».
- Restez vigilant. Certes, il n’est pas possible de supprimer tous les rituels, mais vous pouvez veiller à ce qu’ils n’augmentent pas. Rappelez à votre enfant que vous l’aimez et que vous croyez en ses capacités à résister à faire une compulsion.
- Séparez le TOC et votre l’enfant. Au lieu de dire « tu n’arrêtes pas de faire tes compulsions, tu m’énerves », vous pouvez dire « je vois que le TOC t’embête beaucoup aujourd’hui ». Ça y est, pour une fois, vous pouvez encourager votre enfant à désobéir… au TOC ! Vous pouvez même ensemble lui donner un nom : place à la créativité ! Cette personnification va être utile à votre enfant pour moins culpabiliser sur les obsessions. Et surtout cela vous permet d’être partenaire, vous et votre enfant, face à un ennemi commun : Le TOC. Vous êtes dans le même camp !
- Veillez à apaiser la tension au sein de la famille. Certaines situations peuvent amener à des conflits. La tension dans la famille se rajoute à l’anxiété ressentie par l’enfant, qui va chercher à s’apaiser par le moyen qu’il a déjà trouvé : les compulsions. Ainsi, avec l’augmentation des conflits intrafamiliaux, on tend à observer une augmentation de la fréquence des compulsions.
- Introduisez des temps de détente. Vous pouvez proposer à votre enfant des exercices de yoga et de respiration, de relaxation guidée (cf. des liens à la fin du document). Il est cependant recommandé d’éviter les relaxations qui laissent trop libre court au flux de pensées et qui pourraient favoriser l’émergence d’obsessions (on évitera la méditation, par exemple).
- Prenez soin de vous en tant que parent. Ménagez-vous du temps pour faire des activités qui vous plaisent, repérez les bons moments passés.
- Informez-vous. Prenez le temps de mieux connaître ce trouble. Des livres et des ressources Internet sont à votre disposition (cf suggestions lecture à la fin). Demandez à votre enfant de vous expliquer ce qu’il vit !
- Expliquez le TOC au reste de la fratrie. Pour limiter les risques de conflits, il peut être utile d’expliquer aux frères et/ou sœurs de votre enfant les difficultés qu’il rencontre et qui justifient l’attention particulière que vous lui témoignez. Pensez à introduire des moments privilégiés avec les autres enfants de la fratrie également pour éviter un sentiment d’injustice.
- Trouvez de l’inspiration. Écoutez, regardez, lisez des témoignages de personnes qui racontent leur parcours pour favoriser la motivation. Et si votre enfant faisait une BD sur son TOC ?
10 conseils pour aider votre enfant à réduire les compulsions
- Faire une hiérarchie des compulsions. Avec votre enfant, faites une liste des compulsions ou des choses qu’il s’empêche de faire. Classez-les de la plus facile à diminuer à la plus difficile. Attention, n’introduisez jamais les expositions par surprise, à l’improviste. Cet exercice se prépare et se fait en connaissance de cause !
- Fixer un objectif atteignable. Prenez un moment pour mettre en place un plan de bataille avec votre enfant pour choisir une compulsion à laquelle vous allez vous « attaquer ». Ne fixez pas des objectifs trop élevés, cela risquerait de décourager votre enfant. Votre objectif n’est pas forcément de supprimer définitivement un rituel (surtout s’il est complexe et ancré dans la vie de l’enfant depuis longtemps), mais de l’assouplir : faire une compulsion une fois de moins, résister 5 min avant de réaliser un geste ou alors diminuer le nombre de fois où vous faites à sa place.
- Vérifier si l’exercice est faisable. Demandez à votre enfant : « Est-ce que ça te semble faisable ? Est-ce que tu t’en sens capable ? Comment puis-je faire pour t’aider à résister à la compulsion? ». Son implication personnelle est cruciale : c’est lui l’acteur de son changement ! Que l’enfant ajuste lui-même l’objectif s’il lui paraît trop difficile, n’imposez pas votre avis. Il est important de prévenir votre enfant des risques de montées d’anxiété.
- Observer l’anxiété. Proposez à l’enfant de faire un tableau de progression : sur une échelle de 1 à 10, quelle était son anxiété au début de l’exercice ? Et 20 secondes plus tard ? L’exercice s’arrête lorsque l’anxiété diminue à moitié. Par exemple, si votre enfant a choisi une situation avec le niveau d’anxiété initiale à 6, il va attendre qu’elle baisse à 3. Attention on ne prendra pas de situation ou l’anxiété de départ est supérieur à 7 car le risque c’est qu’elle augmente et on veut qu’elle reste à un niveau acceptable
- Tester l’exercice choisi. Laissez l’enfant faire l’exercice une première fois pour voir s’il est réalisable. Il est toujours possible de diminuer le niveau des exigences si l’exercice paraît trop compliqué. Vous pouvez remettre l’exercice dans la liste à accomplir plus tard et choisir pour aujourd’hui une situation moins anxiogène. Rappelez-vous et rappelez à votre enfant que le trouble est fluctuant, qu’il y a des moments où c’est plus difficile que d’autres.
- Surveiller les compulsions et les évitements. Pour que l’enfant arrive à sentir une baisse naturelle de l’anxiété la fin de l’exercice, il est important de veiller à ce qu’il ne fasse pas ses compulsions ou des choses qui détournent son attention de l’exercice (chanter, lire) : cela fonctionnerait comme un évitement. Souvenez-vous : pour expérimenter le phénomène d’habituation votre enfant doit pleinement se confronter à l’anxiété. Proposez-vous en tant que personne de confiance pour observer l’exercice. Ne grondez pas votre enfant s’il a réalisé une compulsion pendant l’exercice. Réfléchissez ensemble à comment prévenir cela la prochaine fois !
- Répéter. Il est crucial de pouvoir refaire plusieurs fois le même exercice d’exposition pour que l’enfant s’habitue à la situation. Grâce à un tableau de progression, ou en notant ces exercices dans un carnet, il va sûrement s’apercevoir qu’avec le temps et les répétitions le niveau initial d’anxiété devient de plus en plus faible, et qu’elle descend de plus en plus vite.
- Favoriser la motivation. Les compulsions ne vont pas diminuer du jour au lendemain, donc il est important de maintenir la motivation de l’enfant à long terme. Chaque exercice réussi, c’est une petite victoire contre le TOC !
- Lutter contre les temps morts. Plus votre enfant s’ennuie ou n’a pas d’activité plus cela laissera du temps libre pour le TOC, essayer de planifier la journée et de la rythmer avec des activitées. cliquer ici
- Féliciter votre enfant. C’est très courageux d’affronter sa peur. Montrez que vous voyez ses efforts et que vous êtes fier de lui. S’il n’a pas réussi à faire l’exercice, félicitez-le d’avoir fait l’effort d’essayer ! Avant de reprendre, rappelez-lui comment fonctionne l’anxiété, trouvez ensemble une stratégie pour prévenir les compulsions et les évitements et encouragez-le à reessayer quand il se sent prêt.
Ressources utiles :
Professionnels de santé mentale :
Maintenez les suivis thérapeutiques avec un pédopsychiatre ou un psychologue. Si nécessaire, prenez contact pour amorcer un accompagnement adapté.
S’informer sur le TOC : Association Française des Personnes Souffrant de TOC (AFTOC)
Reportages : « Tic, TOC et Tourette : des troubles mystérieux » / « TOC : l’enfer de l’obsession«
Détente : 5 exercices de yoga pour les enfants (gratuit) : Lien ici