Parents : comment repérer les signes de stress chez l’enfant ?


Vous connaissez les réactions habituelles de votre enfant face au stress


Au quotidien, lorsque votre enfant est confronté à des situations stressantes, vous avez sans doute déjà remarqué des changements passagers dans ses émotions (tristesse, irritabilité, colère) ou son comportement (repli, agressivité, pleurs). La plupart du temps, ces réactions face aux petits stress du quotidien sont bénignes et disparaissent spontanément.

Cependant, certaines périodes peuvent être particulièrement stressantes pour votre enfant, ainsi que pour toute la famille. Votre enfant a pu être confronté à un stress continu pendant plusieurs semaines, parfois sans que ni vous ni lui ne vous en rendiez compte immédiatement. Puis, soudain, vous réalisez que « quelque chose ne va pas » et que ces difficultés persistent.

Dans d’autres cas, ces stress peuvent être plus aigus et plus intenses. Ces symptômes sont souvent plus faciles à repérer car ils apparaissent lors de situations très précises impliquant une mise en danger vitale (ou perçue comme telle par votre enfant).

Ces stress, qu’ils soient continus ou aigus, entraînent parfois des réactions inhabituelles chez votre enfant, que ce soit dans la durée ou l’intensité. Vous pouvez considérer ces changements comme des signaux indiquant que votre enfant a besoin d’aide pour y faire face.


Repérer les réactions de votre enfant face à un stress continu


Les situations qui constituent un stress continu pour les enfants sont celles qu’ils rencontrent dans leur environnement proche, comme :

  • Un changement important de l’organisation quotidienne : cela peut être des difficultés pour s’adapter à un nouvel emploi du temps, à des règles différentes ou à des limitations dans leurs activités habituelles.
  • Un changement important de l’organisation familiale : déménagement, changement d’école ou de professeur, divorce, mariage ou décès. Une grossesse ou l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur peut également constituer un stress important.

Face à un stress continu, vous avez pu remarquer l’un ou plusieurs de ces trois modes d’expression chez votre enfant :

  1. L’irritabilité : votre enfant peut devenir plus impulsif, répondre de façon agressive ou tendue. Dans certaines situations, vous avez peut-être observé des crises de colère ou des changements rapides de comportement. Il peut passer du calme à l’agitation, du rire au calme, ou des pleurs à l’agressivité. Jouer avec lui devient difficile, car il perd vite patience. Ce n’est clairement plus le même enfant. Il n’a plus beaucoup de tolérance avec ses frères et sœurs, se chamaille beaucoup plus avec eux.
  2. La tristesse : votre enfant peut s’isoler, se replier sur lui-même ou avoir des crises de larmes. La tristesse est souvent difficile à repérer chez les enfants, car ils l’expriment par une certaine passivité, un désintérêt pour les activités du quotidien ou un manque d’entrain. Votre enfant peut également dormir moins bien, manger trop ou pas assez. Sur le plan émotionnel, il exprime moins de joie au quotidien. Parfois, il peut rechercher davantage d’attention ou de contact physique. Il peut aussi régresser dans ses acquis et demander de l’aide pour s’habiller, se laver, ou faire de nouveau pipi au lit alors que cela n’était pas arrivé depuis longtemps.
  3. L’angoisse : votre enfant peut sembler soucieux, exprimer des inquiétudes ou paraître hyper-vigilant à son environnement (il est sur le qui-vive). Là encore, les symptômes ne sont pas toujours évidents à percevoir. Les enfants rapportent rarement des sensations de crise d’angoisse (cœur qui bat fort, mains en sueur, etc.), mais ils peuvent se plaindre de symptômes physiques comme des maux de tête, maux de ventre ou diarrhée. Ils peuvent aussi se montrer plus craintifs que d’habitude. Vous pourrez remarquer des problèmes de sommeil avec des cauchemars, des difficultés d’endormissement, des allers-retours entre le lit et les parents pour des demandes multiples, ou encore un besoin excessif ou inhabituel d’être rassuré.

Même lorsque le facteur de stress n’est plus présent, le comportement peut mettre du temps à revenir à la normale.


Réactions de votre enfant face à un stress aigu et intense


Si votre enfant a été exposé à un stress aigu et intense, cela a pu dans certains cas générer un traumatisme et entraîner un état de sidération anxieux important.

Vous avez des raisons de penser qu’il s’agit d’un traumatisme si vous observez les difficultés suivantes chez votre enfant :

  • Des pensées répétées centrées sur l’événement pendant la journée ou des cauchemars pendant la nuit. Vous pouvez aussi observer une tendance à répéter des jeux ou à reproduire des dessins tournant autour d’un aspect particulier de l’événement.
  • Un évitement des personnes, situations ou objets qui lui rappellent l’événement.
  • Une irritabilité, des difficultés de concentration et de sommeil. Cela peut parfois s’accompagner d’une attitude “régressive”, les parents ayant l’impression que leur enfant retrouve un comportement qu’il avait à un âge plus jeune (pleurs, caprices, attitude adhésive, pipi au lit…).
  • Un état de nervosité. Votre enfant est sur le qui-vive et se tient constamment sur ses gardes.

Ces indicateurs de traumatisme :

  • Apparaissent habituellement immédiatement dans les jours qui suivent un stress aigu et intense.
  • Nécessitent une vigilance particulière, en raison du risque de persistance de ces difficultés chez certains enfants (on parle alors de syndrome de stress post-traumatique).

Que faire : je mesure l’intensité/la fréquence, l’évolution, le retentissement des symptômes que j’observe


 Critère 1 – Intensité/fréquence : Est-ce que j’observe beaucoup de ces « clignotants » ou signes d’alerte chez mon enfant ? Est-ce que je les observe de nombreuses fois au cours de la journée ?

détresse psychologique - critère 1

Critère 2 – Evolution : Comment cela évolue-t-il ? Y en a-t-il de plus en plus ou de moins en moins à mesure que les jours se succèdent ?

détresse psychologique - critère 2

Critère 3 – Retentissement : Et enfin, quel est le retentissement de ces difficultés sur la vie de tous les jours de mon enfant, sur sa disponibilité dans le quotidien, sur ses relations avec moi, ses frères/ sœurs ? Ai-je le sentiment que cela va de pire en pire ? A l’aide des petites réglettes ci-dessous, vous pouvez essayer de quantifier ces différents critères :

détresse psychologique - critère 3

Je calcule le score total et je réagis


BILAN : j’additionne les scores au 3 échelles. Attention si score > à 7 sur 1 ou 2 échelles alors le bilan est rouge aussi.


VERT : Ce que vous pouvez faire en tant que parents pour prévenir des réactions de stress chez votre enfant


Pour le moment, les signes de mal-être que j’ai perçus sont légers et diminuent spontanément. Je reste attentif pour voir comment cela évolue. Cependant, je décide de :

1. Maintenir une organisation structurée du quotidien

  • Maintenir des horaires réguliers du coucher et du lever.
    Cette routine renforce le sentiment de stabilité dont votre enfant a besoin en ce moment. Petite astuce pour diriger ses pensées vers un havre de paix : le soir avant de s’endormir, demandez-lui de vous raconter trois choses agréables de la journée !
  • Structurer la journée.
    La planification aide à (re)construire ses repères. Pensez à alterner des activités stimulantes avec des moments de calme. Vous pouvez télécharger et imprimer un joli planning de la journée avec des idées d’activités ici.
  • Reprendre les activités habituelles ou créer de nouvelles activités ludiques.
    Il est très important de remettre en place des perspectives agréables pour votre enfant. Demandez-lui ce qu’il a envie de faire. Passez du temps avec lui. Essayez de dégager du temps pour chaque enfant de la maison, chaque jour. Ne vous fixez pas des objectifs impossibles, le plus important c’est la qualité de l’échange. Montrez à votre enfant que vous êtes là pour lui.

2. Favoriser les relations avec les amis et la famille

  • Privilégier les activités extérieures avec les amis de votre enfant.
  • Encouragez votre enfant à échanger avec autrui.
  • Privilégiez les contacts directs. Il est réconfortant pour lui de se rendre compte qu’il n’est pas seul face à la situation stressante et que ses pairs comprennent et partagent ses ressentis.

ORANGE : Ce que vous pouvez faire en tant que parents face à des réactions modérées de stress chez votre enfant


Écouter votre enfant

L’enfant pourra d’autant mieux faire face à ses émotions qu’il sait les identifier, les verbaliser et les partager avec autrui.

1. L’importance d’écouter et d’encourager l’expression des émotions

  • Invitez votre enfant à s’exprimer librement.
    Dites-lui qu’il a le droit de partager ses émotions, même si elles sont perçues comme très négatives, lourdes ou honteuses. Rappelez-lui que lorsqu’on exprime une émotion à autrui, on la partage, ce qui libère d’un poids !
  • Montrez-vous disponible pour écouter.
    Si votre enfant sait déjà identifier et verbaliser ses ressentis, faites-lui savoir que vous êtes là pour lui. Par exemple, en constatant son état : « Je vois que tu es énervé » et en proposant votre écoute : « Je suis là si tu veux partager ce qui te tracasse. »

2. Aider les enfants à identifier et nommer leurs émotions

  • Leur proposer d’utiliser une boussole des émotions pour les aider à se situer.
  • Pour les enfants qui ont encore besoin d’aide pour reconnaître ou nommer leurs émotions, vous pouvez lire avec eux des livres parlant des émotions.

Rassurer votre enfant

Pour réussir à se calmer, puis à développer des réponses adaptées face à une situation stressante, votre enfant a besoin avant tout de retrouver un sentiment de sécurité.

  • Si l’événement stressant n’est plus d’actualité : Expliquez à votre enfant que le danger qu’il redoute a cessé d’exister, qu’il appartient au passé et que la vie reprend son cours.
  • Si l’événement stressant est toujours en cours : Assurez-lui que vous êtes là pour le soutenir et l’accompagner. Votre enfant a besoin de savoir qu’il n’est pas seul à y faire face et que vous, en tant qu’adulte, veillez à sa santé et à son bien-être.

Aidez votre enfant à améliorer sa gestion des émotions

L’anxiété devient plus envahissante lorsque l’enfant évite de s’y confronter, par exemple en chassant des pensées désagréables ou en esquivant des situations qui les provoquent (comme lorsque vous essayez de ne pas penser à un ours polaire, son image apparaît immédiatement dans votre esprit !).

Plusieurs approches peuvent aider votre enfant à mieux gérer ses émotions (Attention : vérifiez le contenu au préalable pour éviter les mauvaises surprises) :

  • Des exercices de relaxation :
    Ceux-ci aident à apaiser le corps et, par conséquent, l’esprit. Vous pouvez choisir parmi plusieurs techniques : respiration anti-panique, méditation guidée, ou relaxation active basée sur le contraste entre la tension et la détente des parties du corps.
  • La pratique sportive :
    Le sport sert de “défouloir”, idéalement en extérieur et avec des enfants de son âge.
  • Des activités agréables :
    Ces activités mettent l’enfant de bonne humeur, l’amusent et le détendent. Se concentrer sur des choses agréables favorise le sentiment de bien-être et laisse moins de place à l’anxiété.
  • Le rire :
    Le rire est un puissant anti-stress. Visionnez ensemble des comédies ou des dessins animés comiques.

ROUGE : Ce que vous pouvez faire en tant que parents face à des réactions importantes de stress chez votre enfant


Les stratégies mises en place dans la situation Orange ne semblent plus fonctionner404671

1. Ne pas s’affoler !

  • Essayez de consulter rapidement un professionnel de santé (médecin généraliste ou pédiatre) pour votre enfant. Ces professionnels connaissent le dispositif de prise en charge et pourront vous orienter vers les structures adaptées.

2. Troubles d’adaptation : des améliorations rapides sont possibles

  • Dans le cadre des troubles appelés « troubles d’adaptation », les retours à un état de mieux-être peuvent être très rapides.
  • Les pédiatres et médecins généralistes sont expérimentés et voient de nombreux enfants. Ils sauront évaluer la gravité de la situation et vous aider.

3. Consultation de professionnels spécialisés

  • Si nécessaire, consultez un psychologue ou un psychiatre pour votre enfant.
    • Attention : les listes d’attente peuvent être longues !
    • N’attendez pas un mois pour consulter un professionnel de santé. Un rendez-vous avec le pédiatre ou le médecin généraliste est souvent une première étape efficace et peut apporter des solutions en attendant le rendez-vous avec un psychologue ou un psychiatre.


Références

Auteurs

Marina DUMAS
Psychologue

Hélène PONCET-KALIFA
Psychologue

Elie KHOURY
Psychiatre

Coline STORDEUR
Psychiatre

Alexandre HUBERT
Psychiatre

Benjamin LANDMAN
Psychiatre

Hugo PEYRE
Psychiatre

Richard DELORME
Chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Psychiatre

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