Refus scolaire anxieux : le comprendre et le gérer

Le refus scolaire anxieux – appelé antérieurement phobie scolaire – est une difficulté émotionnelle sérieuse qui touche de nombreux enfants. Elle se caractérise par une peur intense ou une anxiété excessive à l’idée d’aller à l’école. Ce refus scolaire débute souvent autour de l’âge de 11 ans, à l’entrée au collège. Contrairement à une simple réticence passagère, il entraîne une détresse persistante avec un impact majeur sur le bien-être et la scolarité de l’enfant. Cette fiche a pour objectif de vous aider à reconnaître un refus scolaire anxieux chez votre enfant, à en comprendre les causes et à mettre en place des stratégies adaptées pour l’accompagner, afin de favoriser son retour à l’école dans les meilleures conditions.


Comment reconnaître le refus scolaire anxieux? 


Les signes et symptômes peuvent apparaître aussi bien à la maison qu’à l’école.

À la maison et avant l’heure d’aller à l’école, l’enfant peut présenter  :

  • Des plaintes fréquentes de douleurs physiques (maux de tête, maux de ventre, nausées) 
  • Des troubles du sommeil ou cauchemars liés à l’école
  • Des conflits majorés avec les parents et la fratrie 
  • Une résistance ou un refus de quitter la maison pour aller à l’école 
  • Une plus grande difficulté à se rendre à l’école après les périodes sans (week-end ou vacances) 

A l’école, l’enfant peut : 

  • Refuser de rentrer dans la salle de classe 
  • Être anxieux, avec des crises de panique ou des pleurs excessifs 
  • Rester isolé en classe,  ou au contraire s’agiter
  • Chuter dans ses  résultats scolaires 
  • Demander fréquemment d’aller à l’infirmerie avec des plaintes somatiques pour que les parents soient appelés et viennent le chercher. 

NB : Il est important de différencier le refus scolaire anxieux d’un trouble oppositionnel.  Ce qui peut être difficile pour les parents qui ont parfois l’impression que leur enfant les manipule. Dans le cadre d’un trouble oppositionnel, l’enfant présente  une perte de motivation et une volonté de ne plus travailler : l’enfant cherche à rester à la maison pour jouer aux jeux vidéo ou passer du temps sur son téléphone par exemple. À contrario, les enfants souffrant de refus scolaire anxieux apprécient généralement de faire leur travail scolaire, mais sans aller à l’école car c’est générateur de stress. Ce n’est pas une opposition au travail.


Quels sont les facteurs de risque du refus scolaire anxieux ? 


Différents facteurs de risque peuvent contribuer au refus scolaire anxieux :

  • Un absentéisme récurrent durant le primaire pour des plaintes physiques 
  • Une anxiété de séparation importante : l’enfant n’aime pas dormir en dehors de la maison et/ou il dort souvent avec ses parents (co-sleeping). L’enfant pouvait aussi avoir l’habitude de pleurer le matin avant l’école lorsqu’il était en maternelle. 
  • L’un des parents travaille de la maison ou ne travaille pas
  • L’un des parents ou un autre membre de la fratrie est malade et reste à la maison
  • Une anxiété sociale importante : l’enfant est très isolé socialement et n’est pas à l’aise dans les relations avec ses pairs. 
  • Un déménagement récent ou tous stress majeurs récents : séparation des parents, décès d’un grand-parent ou d’un proche.
  • Un antécédent de harcèlement scolaire ou des moqueries fréquentes de la part de ses pairs. 
  • Une pression scolaire importante : du fait de ses difficultés ou des exigences de l’établissement ou des parents
  • Une consommation abusive de jeux vidéo, réseaux sociaux via téléphone, tablette et ordinateur
  • Des crises d’angoisse récurrentes (trouble panique)
  • Une arrivée récente dans une nouvelle école (du fait de l’entrée au collège ou d’un déménagement)
  • Un trouble du neurodéveloppement

Quelles sont les stratégies pour gérer le refus scolaire anxieux ?


Il est essentiel d’agir rapidement. Plus un enfant s’absente de  l’école, plus le retour devient difficile. Nous vous proposons une stratégie en 4 étapes. 

1- Communiquer avec son enfant, et maintenir le lien de confiance 

  • Écouter votre enfant avec empathie : pour mieux comprendre ses peurs et ses inquiétudes. Pour certains enfants le sujet d’inquiétude sera leurs notes, pour d’autres ce sera les interactions avec les pairs, ou encore la séparation avec la famille …  Essayez de vous mettre à sa place pour comprendre ce qu’il ressent. 
  • Maintenez  le dialogue ouvert et rassurez le : Restez positif en insistant calmement sur la nécessité de trouver une solution ensemble pour le retour à l’école.  Offrez-lui du réconfort en le rassurant et en lui assurant qu’il n’est pas seul. Essayer de lui donner des exemples similaires, par exemple que certains adultes sont parfois en arrêt de travail pour des motifs d’anxiété mais qu’ensuite ils retournent au travail et que cela se passe bien. 
  • Diminuer drastiquement le temps d’écran et réguler les horaires d’utilisation des écrans.  Les journées sans école ne doivent pas être passées sur les écrans, c’est un enjeu majeur pour éviter que l’enfant change ses horaires de sommeil (passe la nuit sur son téléphone car il n’a pas école le lendemain). Il ne doit pas utiliser les écrans/jeux-vidéo comme un refuge du temps où il ne va pas à l’école. Il est primordial de  limiter les bénéfices secondaires comme la consommation d’écrans car ils sont un frein à la reprise scolaire

2- Favoriser une réintégration progressive de son établissement 

Le retour à l’école doit se faire étape par étape.

  • Prenez contact avec l’équipe éducative. Il est important d’organiser le retour à l’école en partenariat avec elle. En général les profs et les directeurs sont très bienveillants. Le retour à l’école doit s’effectuer selon un programme bien encadré. Avant le retour complet en classe, l’équipe éducative peut aussi transmettre le travail à faire à la maison. 
  • Encourager de courtes visites à l’école : d’abord faire juste le trajet, puis aller dans la cour, ensuite y aller que quelques heures ou dans les matières préférées.
  • Établir un calendrier précis de reprise progressive / Écrire un plan de scolarisation. Ce n’est pas si simple à faire, mais un calendrier écrit et visible dans la cuisine par exemple, permettra à l’enfant de se projeter plus facilement sur les étapes à franchir. 
  • Garder un rythme scolaire même lorsqu’il reste à la maison : heures de lever, de repas, faire un emploi du temps avec des plages de travail et de loisirs. 
  • Éviter qu’il prenne du retard dans le travail scolaire. Pendant le temps de descolarisation, l’enfant doit travailler à la maison pour ne pas prendre du retard dans les apprentissages. Sinon cela complique d’autant plus son retour à l’école. 
  • NE PAS L’INSCRIRE AU CNED (Centre National d’Enseignement à Distance) – cela va renforcer négativement et chroniciser les troubles de votre enfant. 

3- Améliorer la gestion de son anxiété

  • Faire du sport : c’est une des recommandations de l’OMS pour la gestion des troubles anxieux. Il faut faire 30 minutes de sport 3 fois par semaine pour avoir un effet significatif sur l’anxiété (efficace au bout de 2 mois de pratique régulière).
  • Faire de la relaxation : Exercices de respiration, de pleine conscience et de relaxation. Là aussi la régularité est primordiale , tous les 2 ou 3 jours pour sentir une vraie efficacité au bout de 2 mois d’une pratique régulière
  • Instaurer une routine matinale et d’endormissement qui rassure votre enfant. Prenez le temps le matin avant d’aller à l’école. Vous pouvez par exemple mettre  de la musique douce – pas les informations de l’actualité qui peuvent être source de stress.
  • Revoyez vos exigences scolaires. Si vous pensez que cela a pu participer au refus scolaire, diminuez vos exigences. Planifiez avec lui des temps pour parler de son travail scolaire et de ses résultats, et Ne lui parlez pas du matin au soir de ses mauvaises notes ou de son manque de motivation
  • Apprenez à gérer également votre stress. C’est un point critique. L’anxiété est souvent familiale. En particulier l’anxiété de séparation est souvent partagée entre les enfants et les parents. 
  • Le préparer à répondre aux questions de ses pairs sur ses absences, dans l’idéal sans mentir : fournir une explication générale sans entrer dans les détails, être capable de dire qu’on n’a pas envie d’en parler, changer de sujet de conversation etc. N’hésitez pas à faire des petits jeux de rôles avec votre enfant pour mieux le préparer.

4- Améliorer l’estime de soi de votre enfant

  • Encourager l’autosuggestion positive : Aidez le à remplacer les pensées négatives par des affirmations rassurantes. Par exemple, remplacer « Je ne vais pas y arriver » par  « Je vais essayer et faire de mon mieux”, « Tout le monde va se moquer de moi » par  « Mes amis et mes professeurs sont là pour m’aider.” ou encore « J’ai trop peur d’aller en classe » par  « Je peux gérer cette peur, une étape après l’autre. »
  • Féliciter les progrès : Célébrer chaque victoire, même les petites, pour renforcer la confiance. Tous les progrès doivent être valorisés. Vous pouvez tenir “un carnet des réussites” avec votre enfant pour noter tous ses succès. 
  • Surmonter avec lui les difficultés académiques : Recourir à un soutien scolaire ou à des cours particuliers avec un tiers. Cela évitera souvent les disputes familiales !!
  • Analyser avec lui les facteurs causaux. C’est un point critique pour une bonne prise en charge et pour mettre un terme à la phobie scolaire.
  • Favoriser les relations avec les pairs. Inviter des amis à la maison de temps à autre même pendant les temps de descolarisation. Favoriser aussi les sorties de votre enfant en dehors de la maison, notamment avec les activités extra-scolaires  

Quand faire appel à un professionnel ? 


Si le refus scolaire anxieux persiste malgré les interventions initiales, il peut être nécessaire de consulter un professionnel. Demandez conseil à votre médecin généraliste ou pédiatre. Interpeller le directeur de l’école. Les équipes scolaires sont formées à ce type de problème.


Références

Auteurs

Hélène PONCET-KALIFA
Psychologue

Alicia COHEN-FREOUA
Psychiatre

Richard DELORME
Chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Psychiatre

Partager la fiche