TSA : Comment motiver des changements de comportement chez votre enfant ?

Le renforcement est commun à tout le monde, enfants comme adultes. Nous avons tous en effet besoin d’être motivés pour effectuer une tâche qui nous est moins agréable. Pour certains enfants, notamment dans le cas d’enfants avec un TSA (trouble du spectre autistique),  une déficience intellectuelle  ou un autre trouble neuro-développemental, il peut être plus difficile de trouver de la motivation pour exécuter une tâche. Dans ces cas-là, on peut utiliser la méthode du renforcement. Cette fiche a pour but de vous aider à la mettre en place. 


Que signifie « renforcement » ? 


Le fait de faire quelque chose, de réaliser une action constitue ce que nous appellerons (dans cette fiche) un « comportement. »

  • Par exemple : « se ronger les ongles », « refuser de s’assoir » sont des comportements. En revanche, être anxieux ou être en colère ne sont pas des comportements mais des états émotionnels. « Jeter des objets », « crier » sont les comportements qui découlent de cet état de colère. Tout comme « se ronger les ongles » découle de l’anxiété. 

Un comportement ne se maintient que s’il est suivi de bénéfices/avantages. Ces bénéfices vont augmenter la probabilité d’apparition de ce comportement : c’est ce qu’on appelle le renforcement. 

  • Par exemple : Votre enfant met son manteau tout seul (= comportement) et vous allez le féliciter « Bravo tu as réussis à le mettre tout seul ! » (= renforcement).

En quoi consiste le renforçateur dit « gratuit » ? 


Il sert à créer de l’appétence et de la motivation.    

  • Par exemple : Je veux que mon enfant mange ses haricots verts. Je commence par lui donner un petit morceau de chips (aliment préféré) avant le repas. Je le lui donne gratuitement, c’est-à-dire sans exigence. 

Mon enfant est motivé par la chips et veut en obtenir davantage, il m’en redemande. J’en profite alors pour présenter un morceau de haricot vert. “Tu manges un haricot et je te donne un morceau de chips”. Vous réitérez alors l’opération jusqu’à ce qu’il mange la totalité de ses légumes. 

Le fait de donner sans exigence un premier morceau de chips, va motiver l’enfant à en redemander et donc à accepter le fait de manger l’aliment non préféré (les haricots verts) pour avoir l’aliment préféré (les chips).


Quelle est la différence avec le chantage ? 


Le renforcement est utilisé afin d’augmenter la motivation de votre enfant à réaliser une action ne lui étant pas personnellement motivante. Nous avons tous besoin d’être motivés pour effectuer quelque chose. Le renforcement est utilisé par tous, tout le temps, adultes comme enfants.

  • Exemple : nous travaillons pour un salaire 
  • Exemple : après une journée difficile, je m’accorde un bon bain pour me relaxer.
  • Exemple : après plusieurs semaines de travail, je pars en vacances pour changer d’air.

Le chantage est le fait de donner un bénéfice à un comportement problématique dans le but d’obtenir que ce comportement s’arrête. Avec les renforcements ce sont les bons comportements qui sont récompensés. 

  • Exemple : si vous dites « si tu arrêtes de crier, tu peux regarder la télé », ceci s’apparente à du chantage. Nous sommes alors dans la négociation et non dans le renforcement.

Quels sont les types de renforçateurs que vous pouvez utiliser ?


Parfois les enfants sont peu sensibles aux félicitations sociales et ont besoin qu’on les associe à quelque chose de concret. Ils peuvent être très divers : 

  • Renforçateurs alimentaires : des bonbons, des gâteaux, du chocolat, des chips … 
  • Des objets plaisants et sensoriels : des bulles, des jeux sonores, des balles tactiles, des jeux visuels, des massages, des jeux vibrants (notamment pour les enfants ayant des intérêts sensoriels) …
  • Des jeux que votre enfant apprécie : jeux de société, des poupées, des Légos®…
  • Du temps sur les écrans : vidéos, jeux vidéo, dessins animés … 
  • Des situations sociales : balades en famille, jeux avec les parents, aller au restaurant, inviter un copain …
  • Des cartes : type bon point, smiley, des autocollants, des gommettes …
  • Les intérêts restreints de certains enfants : Harry Potter®, les dinosaures, Dora l’exploratrice®, Peppa Pig®, les voitures, les transports, les comptines, les chiffres, les lettres, les clés, les bouts de ficelles, les élastiques, les fidget etc… 
  • Faire des « sacs à surprises » : emballer des petites surprises dans un sac et faire choisir son enfant… 
  • Autres : tout ce qui va motiver votre enfant !!!!

La liste est non-exhaustive, il vous faudra observer, proposer, évaluer les intérêts de votre enfant pour trouver et renouveler les renforçateurs adéquats. Les renforçateurs doivent le plus possible être adaptés à l’âge de l’enfant. Il peut être important d’avoir toujours des renforçateurs sur soi. 


Comment choisir le/les renforçateur(s) pour motiver mon enfant ? 


Il existe plusieurs manières de connaître les renforçateurs motivants pour mon enfant : 

Observer mon enfant : Il est nécessaire d’observer votre enfant dans diverses situations et avec différents objets et voir vers quoi il se dirige naturellement. Pour identifier ce qui va être renforçant pour votre enfant, il faut l’observer, jouer avec lui… Notez tout ce que votre enfant semble apprécier : ce vers quoi il se dirige spontanément, ce qui le fait sourire, ce qui le met en colère si on le supprime. 

– Interroger les différentes personnes qui interviennent auprès de votre enfant : la maîtresse, la nounou et autres personnes qui interagissent avec votre enfant.

– Hiérarchiser les renforçateurs de votre enfant : les plus motivants pour les comportements les plus difficiles et demandant le plus d’efforts à l’enfant. A l’inverse, des comportements demandant moins d’efforts seront renforcés moins intensément. 

N’oubliez pas de proposer en permanence de nouvelles choses et d’évaluer régulièrement les renforçateurs pour maintenir la motivation de votre enfant afin qu’il n’y ait pas de phénomène de lassitude. En effet, les envies de votre enfant peuvent changer rapidement et les renforçateurs doivent donc être renouvelés régulièrement.


Quel comportement faut-il renforcer ? 


Vous devez identifier précisément des actions/comportements que vous souhaitez voir émerger ou se répéter fréquemment. Ensuite, il sera nécessaire de toujours indiquer à votre enfant ce que vous attendez de lui de façon courte et claire. Pensez à adapter vos exigences aux compétences de votre enfant, en adaptant vos demandes à ce qu’il est en capacité de faire. 

  • Exemples de comportements à renforcer : s’assoir à table, s’habiller/se laver seul,  ranger les jouets, donner quelque chose, venir etc… Vous pouvez suivre l’exemple suivant :
  • Consigne : « Mets tes jouets dans la boîte. Je te donne ensuite le chocolat ».
  • Réponse de l’adulte et renforcement : « Bravo !!! Tu as mis les jouets dans la boîte ! Tu peux aller prendre un chocolat ».

Quand faut-il renforcer le comportement ? 


Lorsque vous commencez à mettre en place la technique du renforcement, il est important  de donner le renforçateur immédiatement après la réalisation du comportement désiré. Il est important de toujours accompagner le renforçateur concret d’un renforçateur social (« Bravo », « Super », sourires, applaudissements…). L’enfant comprend que son comportement engendre une récompense et sait clairement quel est le comportement voulu. En effet, ce sont les renforçateurs sociaux qui prendront le relais quand vous souhaiterez supprimer les renforçateurs concrets. 

  • Exemple : Dites à votre enfant « Bravo ! » en même temps que vous lui donnez sa récompense (un bonbon par exemple). Puis avec le temps, vous pourrez utiliser seulement le renforçateur social (bravo), sans avoir besoin du renforçateur concret (le bonbon). 

Comment faire pour estomper les renforçateurs ?


Au début des apprentissages, on met en place un renforcement immédiat dans le but de motiver l’enfant à effectuer un comportement. Peu à peu, il sera possible d’espacer les récompenses jusqu’à n’utiliser que les renforçateurs sociaux. 

  • Exemple : Votre enfant à des devoirs à faire. Il a 10 calculs à effectuer.
  • Renforcement immédiat : « Fais le calcul pour avoir l’autocollant ». Renforcez ainsi 3 exercices immédiatement après qu’ils aient été faits. Renforcez même si le calcul est faux. En effet, il faut renforcer le comportement de faire le calcul et non de faire correctement le calcul. 
  • Renforcement différé : Vous allez maintenant pouvoir donner l’autocollant à votre enfant de manière aléatoire : après 2/3 exercices et non immédiatement.  Ceci est donc de l’estompage. 

L’accompagnement des parents 

A la maison, la mise en pratique du système de renforcement peut être difficile. C’est pourquoi il peut être opportun de se faire accompagner par des professionnels qualifiés.

Des programmes d’entraînement aux habiletés parentales (PEHP) existent et sont proposés le plus souvent par des psychologues et/ou des éducateurs spécialisés. Ces derniers s’appellent PEHP mais on parle aussi de guidance parentale (exemple de PEHP : psycho-éducation de type ABA, Méthode Barkley, Méthode Triple P, Méthode Incredible Years,  etc …). 

La prise en charge permet ainsi d’aider le parent à trouver des solutions pour les comportements dit « problèmes » et ceci en s’adaptant au profil de l’enfant. Elle a aussi pour but de comprendre le fonctionnement de votre enfant : c’est ce qu’on appelle la psychoéducation.


A retenir ! Les points clés du renforcement

  • Le renforcement est l’augmentation de la probabilité d’apparition d’un comportement par l’ajout d’un objet, d’une activité appréciée ET de félicitations sociales.
  • Afin de choisir au mieux un renforçateur, l’observation de votre enfant est primordiale. En connaissant ses intérêts vous pourrez trouver des renforçateurs adéquats.
  • L’utilisation du renforçateur est  efficace lorsqu’il est donné immédiatement après l’apparition du comportement désiré/adapté.
  • Il est également important de toujours associer un renforçateur concret (alimentaire, jouets, objets …) avec un renforçateur social (félicitations, encouragements …). Cela vous permettra de supprimer petit à petit le renforçateur concret. 
  • La mise en place de cette procédure peut être difficile. C’est pourquoi il est parfois utile de se faire accompagner par un professionnel proposant des PEHP.  

Pour aller plus loin : renforcement positif et renforcement négatif 

  • Que signifie le renforcement « positif » ?

C’est la probabilité que la fréquence d’apparition d’un comportement augmente avec l’ajout d’un objet ou d’une activité apprécié.

Exemple : Vous êtes à la caisse d’un supermarché et votre enfant fait une crise de pleurs car vous lui avez refusé un bonbon. Pour stopper la crise, vous le lui donnez finalement. Ici vous ajoutez un bénéfice (le bonbon) au comportement « pleurer ». On va donc voir la fréquence d’apparition de pleurs augmenter dans le but d’obtenir quelque chose (ici le bonbon).

  • Que signifie le renforcement « négatif » ?

C’est la probabilité que la fréquence d’apparition d’un comportement augmente grâce à la suppression d’un objet ou d’une activité.

Exemple : Vous proposez des légumes à votre enfant. Il pleure car il ne veut pas les manger. Vous lui enlevez son assiette et vous l’autorisez à passer au dessert. Ici le comportement de pleurer pourra se reproduire la prochaine fois que vous lui proposez des légumes car il est renforcé négativement par leur retrait.


Références 

 

 


Références

Auteurs

Maëlle ALLANORE
Psychomotricienne

Louise BELMER
Psychologue

Marie-Alix NOEL
Neuropsychologue

Mathilde PETIT
Orthophoniste

Lucie PORTET
Infirmière puéricultrice

Keissa SEFIANE
Educatrice spécialisée

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