Si votre enfant présente des difficultés dans l’apprentissage du langage écrit (lecture et écriture), cette fiche pourra vous être utile pour mieux comprendre l’origine de ses difficultés et savoir s’il a une dyslexie.
La lecture
Le modèle simple de la lecture
Lire, c’est identifier les mots écrits, c’est à dire décoder (trouver le son de ce qui est lu), puis comprendre ce qui est lu (accéder au sens).
Le modèle « simple de la lecture » présente les performances en lecture comme le produit de 2 facteurs : la capacité d’identification de mots écrits (le décodage) et les capacités de compréhension du langage.
Lecture = Identification de mots écrits x Compréhension
Ainsi, si on suit ce modèle, un enfant présentant des difficultés dans l’apprentissage de la lecture peut :
- Soit être en difficulté pour identifier les mots écrits. Par définition, la dyslexie, également appelée Trouble Spécifique du Langage Ecrit dans le jargon médical et orthophonique, est un déficit des capacités à identifier les mots écrits.
- Soit avoir des difficultés pour comprendre le sens une fois qu’il a décodé les mots écrits.
- Soit les deux.
Quelle est la cause des difficultés de mon enfant dans l’apprentissage de la lecture ?
Toute difficulté d’apprentissage de la lecture n’est pas forcément une dyslexie. Il y a de très nombreuses raisons qui peuvent expliquer des difficultés dans l’apprentissage du langage écrit chez un enfant. Nous vous proposons ci-dessous un schéma qui en résume les principales.
Ce schéma ne permet pas de poser un diagnostic ! Mais il pourra vous permettre de comprendre la démarche diagnostique de votre médecin ou de votre orthophoniste.
2 remarques importantes :
(1) La dyslexie est un trouble spécifique du langage écrit, mais spécifique ne veut pas forcément dire isolé. En effet, un enfant peut parfois présenter un ou plusieurs autres troubles spécifiques associés à sa dyslexie. Par exemple, un trouble des coordinations motrices (dyspraxie), un trouble de déficit de l’attention / hyperactivité (TDA/H), ou un trouble développemental du langage oral (dysphasie). Toutefois, pour pouvoir retenir un diagnostic de dyslexie, en plus d’une dyspraxie, dysphasie, TDA/H ou autre, il faut que ces derniers ne puissent pas complètement expliquer les difficultés de lecture (en nature ou en intensité).
(2) La dysorthographie fait également partie du tableau de trouble spécifique du langage écrit. Ainsi la dyslexie et la dysorthographie sont les deux facettes d’un même diagnostic.
Mon enfant a-t-il une dyslexie ?
La dyslexie concerne une difficulté durable dans l’apprentissage de la lecture. Comme l’ensemble des troubles du neurodéveloppement, le diagnostic sera retenu si :
(1) Votre enfant a un déficit dans les performances en lecture, authentifié par des tests et échelles étalonnés et standardisés, réalisés par un orthophoniste.
(2) Malgré un environnement éducatif et socioculturel propice.
(3) Avec un retentissement scolaire significatif des difficultés en lecture.
(4) Et si les difficultés en lecture ne sont pas mieux expliquées par un autre diagnostic (cf. schéma ci-dessus).
La dyslexie est un trouble fréquent, touchant près de 4% des enfants. Il concerne davantage les garçons et les enfants issues de milieux défavorisés, mais tous les enfants peuvent être touchés par ce trouble (y compris des enfants très intelligents et de milieux favorisés).
La cause du trouble est très hétérogène en fonction des enfants. Pour une minorité d’enfants avec une dyslexie une cause unique, génétique ou environnementale, peut être identifiée. Mais pour la plupart d’entre eux il est difficile d’identifier une cause précise. Il s’agit le plus souvent, et comme dans tous les troubles du neurodéveloppement, d’une combinaison d’une prédisposition génétique (souvent multigénique, c’est-à-dire impliquant plusieurs gènes) et de facteurs environnementaux précoces (au cours de la grossesse, l’accouchement et les premières années de vie).
Pour ce qui est de la prédisposition génétique, les recherches réalisées sur des groupes d’enfants avec une dyslexie ont montré que cette part génétique était importante. Ceci signifie que s’il y a des personnes dans votre famille qui ont un diagnostic de dyslexie, vos enfants ont un risque plus important de présenter ce diagnostic.
Il y a une grande diversité au sein de la dyslexie, diversité liée aux troubles associés et aux mécanismes de la lecture qui sont touchés.
Comment pose-t-on un diagnostic de dyslexie ?
Le bilan orthophonique permet de poser le diagnostic et aussi de déterminer les mécanismes de la lecture qui feront l’objet d’une rééducation. Comme mentionné précédemment, ce bilan est réalisé à l’aide de tests et échelles étalonnés et standardisées.
1ère étape : Le bilan orthophonique vérifiera d’abord que les compétences en lecture sont significativement inférieures à ce qui est attendu pour l’âge et la classe de l’enfant.
2ème étape : Ensuite, il permettra de déterminer si les difficultés en lecture sont notamment expliquées par un déficit d’identification des mots écrits.
- Ceci se fait grâce à des épreuves de lecture de mots réguliers, irréguliers, fréquents, peu fréquents, et de pseudo-mots (faux mots prononçables qui évaluent les compétences de décodage sans appui sur le sens).
- On se base également sur des épreuves de conscience phonologique, de mémoire verbale à court-terme, et de dénomination rapide automatique.
- Pour les petits enfants on teste de façon plus élémentaire la reconnaissance des graphèmes (les lettres ou groupes de lettres qui représentent les sons de la langue).
- On évalue également la compréhension écrite et l’orthographe.
3ème étape : Le bilan évaluera le niveau de langage oral (cf. schéma ci-dessus).
4ème étape : Il vérifiera la présence d’autres mécanismes contribuant également aux difficultés de lecture. Ex. des difficultés visuelles, des difficultés attentionnelles…
5ème étape : On recherchera d’autres difficultés ou diagnostics associés : attention, motricité, graphisme, mathématiques…
6ème étape : On s’intéressera à l’environnement académique de l’enfant : les méthodes pédagogiques, les exigences, les aménagements, le niveau de stimulation à la maison, ses expériences de lecture…
7ème étape : On proposera des axes de travail en rééducation orthophonique et des aménagements scolaires spécifiques pour pallier les difficultés de lecture et permettre un accès optimal aux autres apprentissages.