Les bagarres entre enfants peuvent être fréquentes et déstabilisantes pour les parents, qui ne savent pas toujours comment réagir. Comment intervenir sans crier ni devoir constamment séparer les enfants ? Cette fiche propose des conseils pratiques pour anticiper, désamorcer et gérer ces conflits de manière constructive.


Anticiper les bagarres – Identifier les facteurs déclenchants


Anticiper les bagarres – Identifier les facteurs déclenchants

Pour prévenir les conflits, il est essentiel de repérer les situations qui les provoquent. Voici les principaux déclencheurs :

1. L’ennui
L’ennui est une cause fréquente de chamailleries, notamment pendant les vacances, le week-end ou après les devoirs. Les enfants s’irritent lorsqu’ils ne savent pas quoi faire.

Solutions :

  • Établissez un emploi du temps structuré, adapté à leur âge :
    • Moins de 6 ans : Prévoyez des activités courtes (10 à 15 minutes).
    • 6 à 12 ans : Planifiez des activités de 20 à 45 minutes, selon leur âge.
    • 12 ans et plus : Proposez des activités d’environ 1 heure.

Un planning clair aide à maintenir leur attention et évite l’ennui. [Pour des idées d’activités, consultez la fiche « Planification de la journée pour les enfants de 3 à 11 ans ».]

2. La recherche de stimulation sensorielle
Les enfants ont besoin de se dépenser physiquement. Les chamailleries deviennent parfois un moyen détourné de répondre à ce besoin de mouvement.

Solutions :

  • Proposez des activités physiques :
    • À l’intérieur : parcours d’obstacles, roulades, sauts.
    • À l’extérieur : balades, vélo, trottinette ou jeux en plein air.

Ces moments permettent de libérer leur énergie et de réduire les tensions.

3. La recherche d’attention
Les enfants souhaitent capter l’attention de leurs parents, ce qui peut provoquer des conflits entre eux.

Solutions :

  • Accordez-leur des moments privilégiés :
    • Lire une histoire ensemble,
    • Préparer une recette,
    • Décider d’un programme télé,
    • Créer un album photo en famille.

Ces activités renforcent leur sentiment de sécurité affective tout en réduisant les conflits.

4. L’évitement d’une tâche désagréable
Certains enfants se disputent pour éviter une tâche qu’ils perçoivent comme ennuyeuse ou difficile.

Solution :

  • Apprenez-leur à exprimer leurs désaccords de manière verbale et constructive. [Voir la section « Communication non-violente » ci-après.]

5. Les transitions entre activités
Les moments de passage d’une activité à une autre (ex. : devoirs au goûter) peuvent être des phases sensibles où les tensions s’exacerbent.

Solutions :

  • Engagez-les activement dans ces transitions : demandez-leur de ranger leurs affaires ou de préparer la prochaine activité.

6. Les conflits familiaux
Les disputes entre adultes, même mineures, augmentent le stress des enfants et favorisent les conflits dans la fratrie.

Solutions :

  • Évitez les disputes devant eux.
  • Protégez-les de toute forme de violence familiale. Un climat apaisé contribue à réduire les tensions.

Anticiper les bagarres – Proposer des solutions alternatives


1. Structurer les journées et favoriser l’autonomie

  • Encouragez les activités en autonomie : peinture, coloriage, pâte à modeler, création de cartes de vœux, journal de bord, etc.
  • Limitez le temps d’écran : les écrans fatiguent l’attention et suscitent souvent des disputes (ex. : choix des programmes).
  • Évitez toute dépendance aux écrans. [Voir la fiche « Comment gérer l’usage des écrans de mon enfant ».]

2. Établir des règles équitables de partage

  • Adaptez les règles selon l’âge des enfants pour éviter un sentiment d’injustice.
  • Exemple : le plus jeune reste plus longtemps dans le bain, tandis que l’aîné peut passer un appel téléphonique à ses amis.

3. Motiver les changements de comportement

  • Utilisez des systèmes d’économie de jetons pour encourager des comportements positifs (participer aux tâches ménagères, réduire les disputes).
  • Montrez l’exemple en adoptant vous-même une attitude bienveillante.

Gérer les disputes et bagarres imminentes


1. Prenez du recul avant d’intervenir

  • Laissez quelques secondes pour voir si vos enfants peuvent résoudre la situation seuls.
  • Si le conflit monte, intervenez rapidement pour éviter que cela ne dégénère en bagarre.

2. Rompez le cycle des chamailleries

  • Intervenez dès que les chamailleries commencent à devenir agressives.
  • Proposez une activité alternative pour détourner leur attention et calmer la tension.

3. Aidez-les à gérer leurs émotions

  • Apprenez-leur à verbaliser leurs émotions et à les apaiser avec des techniques de relaxation (ex. : respiration carrée, compter jusqu’à 10 avant de répondre).

Pendant la bagarre


1. Restez calme

  • Adoptez une attitude neutre et bienveillante.
  • Évitez de crier, car cela pourrait intensifier les tensions.

2. Séparez-les

  • Placez chaque enfant dans un espace différent pour réduire les interactions.
  • Si possible, accompagnez-les calmement dans leurs espaces respectifs.

3. Évitez de les récompenser

  • Ne leur accordez pas d’attention excessive immédiatement après la bagarre, pour ne pas renforcer ce comportement.

Après la bagarre


1. Aidez-les à verbaliser leurs émotions

  • Permettez à chaque enfant d’exprimer son ressenti et son point de vue, sans chercher à déterminer un coupable.

2. Soulignez les conséquences de leurs actes

  • Posez-leur des questions pour les amener à réfléchir : « Es-tu content maintenant ? », « Penses-tu que ton frère voudra jouer avec toi après cela ? ».

3. Enseignez la communication non-violente
Apprenez-leur à exprimer leurs besoins en 4 étapes :

  1. Décrire les faits : « Tu jouais avec ce jouet. »
  2. Exprimer ses émotions : « Cela m’a frustré. »
  3. Expliquer ses besoins : « J’aimerais aussi pouvoir jouer. »
  4. Formuler une demande : « Pourrions-nous le partager ? »

4. Calmez la tension familiale

  • Installez des moments de calme en famille (yoga, méditation, activités artistiques).

5. Soyez patients

  • Réduire les bagarres est un processus long. Fournissez une structure claire et restez constants dans vos efforts.


Références

Auteurs

Ana MOSCOSO
Psychiatre

Richard DELORME
Chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Psychiatre

Alexandre HUBERT
Psychiatre

Alicia COHEN-FREOUA
Psychiatre

Marina DUMAS
Psychologue

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