Insatisfaction corporelle : 5 Actions pour aider mon enfant

On parle d’insatisfaction corporelle lorsqu’il y a un décalage entre l’apparence qu’une personne voudrait avoir et l’apparence qu’elle a réellement (ce qui est commun) MAIS qui génère un mal-être significatif. Par exemple, un enfant qui se trouve trop petit, trop gros, pas assez musclé et qui en souffre beaucoup. 

L’objectif de cette fiche est de vous donner des pistes sur les attitudes qui protègent du mal-être lié à  l’insatisfaction corporelle, en particulier vis-à-vis de sa corpulence.

Quelques chiffres :

  • Deux adolescents sur 3 expriment une insatisfaction corporelle.
  • Un enfant sur 3 de 8 à 14 ans ayant un poids normal veut être plus mince.
  • Près d’une fille sur 2  n’aime pas certaines parties de son corps et envisage un régime.
  • Près d’une fille sur 4 cherche activement à perdre du poids en mangeant moins ou en faisant de l’exercice physique.

 


Pourquoi il est important de rester vigilant ? Quelles conséquences ?


  • De façon générale, les enfants et les adolescents sont très sensibles aux moqueries et remarques sur leur apparence et cela peut avoir des répercussions négatives sur:
    • le sentiment de bien-être
    • l’estime de soi 
    • l’anxiété et l’humeur :  augmente la présence/l’intensité des symptômes anxieux ou dépressifs secondaires. Par exemple, le fait de se percevoir comme trop gros est un facteur de stress très important chez les adolescents.
  • Les préoccupations corporelles peuvent augmenter le risque de développer un trouble des conduites alimentaires, que ce soit l’anorexie mentale ou  l’hyperphagie (manger trop en quantité), les crises boulimiques (= manger beaucoup de manière frénétique) dès l’enfance.

Faire de la prévention : 5 actions contre l’insatisfaction corporelle


ACTION 1 : Ne pas miser sur l’apparence physique avant toute chose. Qui nous sommes et la valeur qu’on s’accorde dépend de multiples aspects.


# L’objectif :

La perception que nous avons de notre corps est très liée à notre ressenti et à l’estime de soi. Elle varie d’un jour à l’autre. Si la seule chose qui compte pour avoir de la valeur à nos yeux est notre apparence physique, alors il y aura forcément des jours de mal-être. Il faut donc encourager votre enfant à s’intéresser à d’autres choses qu’à l’aspect purement esthétique. Notre corps n’est pas là que pour faire joli, il nous permet de réaliser des actions variées (repérer nos besoins physiques, faire des activités agréables). Et, au-delà de notre apparence, ce qui nous définit aussi c’est notre caractère, nos aptitudes, nos projets, nos valeurs, nos comportements…

# Les bonnes idées à mettre en place au quotidien :

  • Au lieu d’utiliser en premier lieu l’apparence physique pour parler de soi, des autres, de son enfant, se focaliser sur leurs actions, leurs qualités, leurs projets.
  • Parlez avec votre enfant de ce qu’on aime chez les autres, des qualités qui comptent pour nous (la gentillesse, l’honnêteté, le sens de l’humour…)
  • Encouragez votre enfant à se lancer dans de nouvelles activités variées : artistiques, manuelles, musicales, associatives…
  • Encouragez votre enfant à repérer à quel point notre corps nous permet de faire des choses variées, des choses qu’on apprécie (danser, dessiner, jouer au foot, chanter etc.)
  • Encouragez votre enfant à prêter attention à ses sensations et à ses besoins (froid/ chaud, faim/soif, détente, fatigue, ressenti de tension…) en l’interrogeant tout simplement, ou en faisant de la relaxation.
  • Encouragez votre enfant à prendre soin de son corps pour qu’il fonctionne bien : manger, boire et dormir suffisamment, se brosser les dents, rester propre…

 


ACTION 2 : Arrêter de se comparer aux autres


# L’objectif

Lutter contre la tendance naturelle à se comparer aux autres qui alimente des jugements négatifs sur soi-même, renforce la dépendance à l’approbation d’autrui et fragilise l’estime de soi.

# Les bonnes idées à mettre en place au quotidien

  • Diminuez dans leur ensemble les commentaires à propos du poids et de l’apparence (la vôtre, celle de vos enfants, celle de vos proches, celle des célébrités…).
  • Encouragez votre enfant à faire moins de commentaires sur son propre physique et sur celui d’autrui.
  • Encouragez votre enfant à se comparer à lui-même plutôt qu’aux autres, par exemple : « J’aime beaucoup ma nouvelle coiffure », « Ce haut et ce bas vont super bien ensemble ».

 


ACTION  3 : Distinguer ce qui favorise une bonne image de soi de ce qui nuit à l’image qu’on a de soi (notamment dans l’usage des réseaux sociaux)


# L’objectif

Aidez votre enfant à repérer les contenus qui génèrent du mal-être et ceux qui améliorent l’image qu’il a de lui -même.

# Les bonnes idées à mettre en place aux quotidien

  • Protégez votre enfant de l’exposition aux réseaux sociaux jusqu’à 13 ans.
  • Discutez avec votre enfant de ce qu’il ressent lorsqu’il regarde des contenus en lien avec l’apparence, les régimes alimentaires ou l’activité physique à visée esthétique ou à visée de contrôle du poids.
  • Encouragez-le à se désabonner des contenus qui procurent du mal-être, à désinstaller certaines applications.
  • Aidez-le à trouver des contenus qui lui procurent du bien-être (vidéos humoristiques, loisirs créatifs, animaux, nature, musique, citations inspirantes etc.).
  • Aidez-le à repérer lorsqu’une image ou une vidéo a été retouchée, à repérer les montages abusifs (faux avant/après), discutez avec lui des inconvénients de l’utilisation de filtres photo.
  • De façon générale : limitez l’exposition aux réseaux sociaux et dialoguez avec votre enfant sur ce sujet.

 


ACTION 4 : Pour les plus grands, discuter en famille : chacun a son point de vue sur ce qui est beau !


# L’objectif

Développer le regard critique de votre enfant sur les standards de beauté et sa capacité à prendre du recul sur tout ce qui peut nous influencer.

# Les bonnes idées à mettre en place au quotidien

  • Questionner l’impact des clips, des publicités sur la représentation qu’on se fait de ce qui est beau, de ce qui ne le serait pas ; sur son humeur ; sur l’image qu’on a de soi…
  • Repérer les liens abusifs qui peuvent être fait entre bonheur et contrôle de l’apparence.
  • Prôner l’acceptation de la diversité des morphologies et des apparences.
  • Repérer la beauté à travers des morphologies variées, à travers des styles variés, à travers les arts, à travers les cultures, à travers les époques.

 


ACTION 5 : En tant que parents: travailler sur votre propre insatisfaction corporelle si c’est un problème qui vous touche


# L’objectif

Vous sentir bien dans votre corps même s’il n’est pas parfait. Apprendre à vous aimer comme vous êtes. Cela renforcera aussi la sensation que vous avez d’être compétent avec votre enfant.

# Les bonnes idées à mettre en place au quotidien

  • Utilisez les conseils donnés dans les points précédents et n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel de santé si vous présentez vous-même un trouble des conduites alimentaires ou si vous êtes en souffrance.

 

ET SI ÇA NE SUFFIT PAS ? 

Si vous remarquez que votre enfant vous questionne de plus en plus sur certains aspects de son apparence, s’il semble préoccupé par son poids, s’il se montre réticent à porter certains vêtements (maillot de bain, jupe…), s’il cherche à modifier son alimentation, s’il pratique du sport de façon excessive, s’il se replie sur lui-même, s’il est en souffrance… N’hésitez pas à lire les fiches suivantes reprenant les points d’alerte, et à vous tourner vers des professionnels de santé.

 

 


Références

Auteurs

Hélène PONCET-KALIFA
Psychologue

Coline STORDEUR
Psychiatre

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