Ce que beaucoup constatent par expérience fait l’objet de recherches approfondies : l’exercice physique semble avoir des effets positifs sur les fonctions cognitives et émotionnelles des enfants, particulièrement ceux atteints de TDAH.

Le sport aide à améliorer le contrôle des impulsions, la flexibilité mentale, l’attention et la mémoire, tout en réduisant l’anxiété, la dépression, les difficultés de socialisation et l’agressivité.

Bien que prometteuses, ces recherches sont encore au début et présentent des limites, notamment en raison de la diversité des méthodes utilisées. Les critères pour mesurer l’efficacité et les types d’activités sportives varient largement d’une étude à l’autre, allant du ressenti parental à l’évaluation des symptômes du TDAH. Cela invite à une interprétation prudente des résultats, tout en soulignant le potentiel du sport dans la prise en charge du TDAH. 


Quel serait le sport le plus adapté pour mon enfant avec TDAH ?


Au-delà des aspects pratiques (organisation, argent, lieux de vie…) il y a plusieurs variables à prendre en compte pour choisir l’activité sportive : ses envies et intérêt, l’âge de l’enfant, sport individuel ou collectif, les objectifs visés…

  • S’adapter aux envies de l’enfant : Il est nécessaire, en premier lieu, de prendre en considération les envies de votre enfant, ses goûts et intérêts. Les parents doivent mettre à profit la connaissance qu’ils ont de leur enfant pour s’assurer de choisir un sport dans lequel il pourra s’épanouir et réussir. L’abord ludique est à privilégier.
  • L’âge : Quel que soit le sport (et même si débuté précocement), il faut que l’activité respecte les capacités motrices de l’enfant. Le développement moteur se fait par étapes et les attentes ne sont pas les mêmes selon l’âge. Ci-joint quelques repères chronologiques (adapté de Mazeau et Pouhet, 2014).

 

  • Sport individuel ou collectif ? Les parents (et enfants) hésitent souvent entre sport individuel et sport collectif, chacun ayant des points forts et des points faibles différents. Si la réactivité émotionnelle est importante, s’il existe un risque de disqualification/stigmatisation par les pairs, on a tendance à privilégier les sports individuels. Par contre, si l’enfant s’ennuie rapidement, s’il a un profil plutôt sociable, les sports collectifs semblent plus pertinents.

 

 

  • Quels objectifs ? Enfin, il est pertinent de choisir le sport à partir d’objectifs précis, c’est-à-dire les bénéfices attendus par la pratique de l’activité sportive.

 

 


Quelles sont les difficultés que mon enfant peut rencontrer dans la pratique d’un sport ?


La pratique sportive suppose naturellement un apprentissage ; cela nécessite concentration, persévérance, entrainement par répétition, mais également respect des consignes et du cadre. L’impulsivité, le défaut d’attention mais également les difficultés de régulation émotionnelle et la mauvaise tolérance à la frustration vont impacter sur les performances et la réussite et risquent même de décourager certains enfants. Même si l’enfant aime bien le sport qu’il pratique, le vécu de difficultés relationnelles (surtout si collectif trop compétitif) pourrait le décourager et être source de souffrance.

 


Mon enfant TDAH a également un trouble développemental de la coordination (TDC). Quel sport serait le plus adéquat pour lui ?


L’apprentissage d’un sport suppose l’apprentissage de gestes (praxies) visant la maitrise de certaines séquences motrices jusqu`à les rendre automatiques. Il s’agit d’actions plus aux moins complexes qui impliquent la coordination motrice

L’association entre TDAH et difficultés de coordination motrice est bien connue. Ainsi même si la pratique du sport peut être rendu plus laborieuse et difficile pour ces enfants, une pratique adaptée d’un sport peut aussi être un excellent outil thérapeutique.

Certains chercheurs suggèrent une amélioration de la motricité fine pour certaines pratiques sportives mixte (c’est à dire la réalisation de plusieurs modalités sportives au même temps. Par ex. faire du football et de la course à pied) . Mais la règle d’or c’est d’adapter le sport aux compétences psychomotrices de l’enfant. Elles sont donc propres à chacun. Il est nécessaire de vous rapprocher des professionnels qui prennent en charge votre enfant (notamment son /sa psychomotricien(ne)) pour vous conseiller et vous orienter.

Néanmoins en cas de retentissement important, certains sports collectifs peuvent entrainer des comparaisons entre les enfants et augmenter l’isolement de l’enfant (ex : le football. Si l’enfant est très maladroit dans le fait de courir avec le ballon au pied, les camarades lui feront moins de passes et il se sentira exclu). Il peut être intéressant de s’entrenir des difficultés de son enfants avec les responsables pour trouver des techniques d’inclusions « sur mesure ».


Mon enfant avec TDAH change de sport tout le temps. Que faut-il faire ?


Il est important de connaître les raisons qui le poussent à changer de sport. Vous pouvez lui poser des questions qui vous apporteront peut-être la réponse. Il est utile de savoir si le changement est souhaité en raison de :

  • Critiques de la part de l’animateur / professeur/ coach > Aller voir le responsable afin d’obtenir des explications et la version de l’adulte.
  • Critiques de la part des autres enfants > Se renseigner sur la nature des critiques : physiques, harcèlement moral, difficultés d’ajustement face aux camarades, critiques face aux performances.
  • Niveau de difficulté motrice trop élevé > Comprendre si les compétences motrices, comportementales et cognitives sont adaptées aux exigences de l’activité
  • Trop de compétition
  • Lassitude face à des séances répétées (toutes les semaines, mêmes horaires, mêmes personnes…)
  • L’organisation, le respect des horaires et d’un emploi du temps : soit une difficulté à respecter les règles collectives ; soit trop de consignes à gérer en même temps (ce qui pourrait sous-entendre des difficultés dans la double tâche : faire 2 choses à la fois).

Si votre enfant souhaite changer de sport tout le temps, le multisport est une bonne alternative pour les petits. Il permet la découverte et l’initiation à divers sports (collectifs ou/et individuels). Certaines mairies, écoles ou associations peuvent le proposer.

Dans le même esprit, certaines mairies proposent la pratique successive de plusieurs sports (souvent collectifs) au cours d’une année scolaire. Ce fonctionnement permet le renouvellement des activités et la diversité des niveaux de difficulté. Ainsi, si un sport n’est pas apprécié, votre enfant saura qu’il sera pratiqué durant une courte période.

Pour les enfants plus âgés, la volonté de changer de sport peut être difficile à gérer. Il est important d’être à l’écoute de l’enfant et de trouver un compromis. Il peut être intéressant de fixer un contrat avec l’enfant pour essayer de l’engager dans la poursuite de son sport. Si la décision d’arrêt est prise, un temps de réflexion avant la reprise d’un autre sport parait pertinent.

 


Mon enfant TDAH, doit-il prendre son traitement médicamenteux pendant l’activité sportive ?


Même des études anciennes montrent des bénéfices du traitement pendant la pratique de sport. La seule molécule commercialisée en France : le Methylphenidate est compatible avec la pratique du sport. Il n’y a donc pas d’indication à arrêter le traitement pendant la pratique du sport. Néanmoins, il faudra être vigilant aux effets secondaires tels que les palpitations cardiaques ou toute autre symptôme qui devront être signalés au médecin prescripteur et faire l’objet d’aménagements du traitement si nécessaire. Par ailleurs, le Methylphenidate est considéré comme un produit dopant lors des compétitions sportives officielles.

 


L’encadrant sportif doit-il avoir une formation particulière ?


Une formation spécifique n’est pas nécessaire, mais une sensibilisation au TDAH peut grandement faciliter l’intégration de l’enfant. La qualité de l’encadrant est évidemment primordiale : quel que soit le sport pratiqué, celui-ci doit être bienveillant, valoriser l’enfant dans ses efforts et réalisations, prendre en considération son anxiété.

En conclusion, n’oubliez pas que vous êtes le modèle de votre enfant et rien de tel que faire du sport en famille pour que chaque membre trouve sa propre motivation !


Références

Auteurs

Ana MOSCOSO
Psychiatre

Eric Acquaviva
Psychiatre

Fabien RICHARD
Psychologue

Julie CHAGNEAU
Psychomotricienne

Brigitte LOURTIS
Orthophoniste

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