Cette fiche propose des aménagements pédagogiques destinés aux équipes éducatives, et plus particulièrement aux enseignant.e.s du primaire, afin d’accompagner au mieux un élève avec un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA).
Elle vise à fournir des informations générales sur la diversité des profils au sein du spectre autistique et à détailler les particularités cognitives et comportementales que vous pourriez observer. Afin de répondre à vos besoins, nous avons structuré cette fiche en deux axes : un premier permettant une prise en main rapide des éléments essentiels, et un second offrant des références plus approfondies pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin dans leur compréhension ou enrichir leurs pratiques.
Comprendre le Trouble du Spectre de l’Autisme
Depuis 2013, la communauté scientifique internationale ne parle plus d’autisme mais de Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA). Cette notion de spectre permet de mieux rendre compte de la diversité des profils que les individus concernés présentent. Nous vous proposons à travers cette courte lecture de développer vos connaissances sur ce trouble qui représente environ 1% de la population générale (santé publique France). Ces explications devraient vous aider à mieux comprendre le fonctionnement de votre élève et le sens des recommandations scolaires spécialement proposées pour ses difficultés par les professionnels travaillant autour de lui.
Le TSA fait partie de la famille des Troubles du Neurodéveloppement (TND), qui rassemble le handicap intellectuel, le trouble de la communication, le déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), les troubles spécifiques des apprentissages (aussi appelés troubles DYS) et les troubles moteurs/trouble du développement des coordinations (TDC). Ces troubles s’expriment précocement dans le développement de l’enfant et entraînent une altération du fonctionnement personnel et/ou social et/ou scolaire.
Une des caractéristiques du TSA est sa variabilité dans son expression en fonction des individus. Ainsi, on se représente communément les personnes avec TSA avec des troubles très importants du comportement (auto-agressivité, répétition d’action sans but, cris…) accompagnés de difficultés cognitives et bien souvent sans langage. Depuis l’arrivée dans les média de personnages « autistes savants » ou Asperger (depuis 2013 le terme de Syndrome d’Asperger a été abandonné et seul le terme de TSA est aujourd’hui utilisé), d’autres profils sont maintenant décrits. Cependant, ces deux « extrêmes » ne définissent pas à eux seuls les personnes avec TSA et on observe une variété de profils marqués par des difficultés dans plusieurs domaines de compétences, divers dans leur expression et leur intensité.
Le TSA se manifeste par deux principaux groupes de symptômes
1/ Des difficultés dans la communication et dans les interactions sociales
Ces difficultés peuvent se traduire par des particularités au niveau du langage expressif : difficultés dans le développement du langage, présence d’atypies comme les écholalies (répétition des dernières syllabes ou derniers mots qui viennent d’être prononcés par l’interlocuteur) ou des éléments de langage stéréotypé (utilisation de mots ou phrases donnant un aspect « emprunté »/pas spontané et pas toujours adapté au contexte par exemple plus formel ou soutenu pouvant donner un aspect « hautain » ou « sentencieux »).
La compréhension du langage en contexte, ce que l’on appelle la pragmatique du langage est souvent peu évidente (expressions figurées, implicite/sous-entendu, références…).
On retrouve souvent aussi des difficultés à utiliser la communication non verbale de façon adaptée (comme le regard, les gestes, les expressions faciales émotionnelles, ou encore la modulation de l’intonation de la voix). Par exemple, l’enfant peut être triste ou en colère et pourtant avoir un large sourire. Lorsqu’il est heureux, il peut donner l’impression inverse. Et pour lui, il peut être difficile de comprendre les émotions des autres, ce qui est très problématique lorsque l’on fait preuve d’ironie ou que l’on n’exprime pas explicitement son émotion (voix indiquant que l’on est en colère…).
Au niveau des interactions sociales les enfants peuvent avoir des difficultés à investir une conversation de façon adaptée, les tours de parole ne sont pas toujours respectés, on peut observer des diffluences avec des idées apparaissant de façon désordonnée, des coq-à-l’âne ou des persévérations sur certains sujets. L’enfant ne s’ajuste pas bien à son interlocuteur et les échanges ne sont pas toujours fluides et ne permettent pas de ressentir une situation de réciprocité.
Par ailleurs, ils peuvent rencontrer des difficultés à initier les échanges ce qui peut se traduire par des difficultés à se faire des amis ou à maintenir des relations sociales avec les pairs. La participation à des jeux non structurés, sollicitant fortement l’imagination, sera souvent évitée.
2/ Des comportements restreints et répétitifs, souvent associés à un mode de pensée atypique, parfois envahissant.
Les enfants avec TSA peuvent avoir des intérêts très spécifiques, souvent autour de sujets peu courants ou peu adaptés à leur âge, mais aussi autour de sujets tout à fait fréquents à leur âge (ex. les Pokemon, les dinosaures, les animaux, les célébrités…). S’il est difficile pour eux de s’intéresser à d’autres choses ou de discuter d’autres sujets, le centre d’intérêt devient alors envahissant. Des particularités au niveau de la sensorialité sont également présentes. Celles-ci sont caractérisées par une hyper ou une hypo réactivité à certains stimuli sensoriels issus de l’environnement (comme la chaleur ou le froid, la douleur, les sons, les lumières, …), pouvant entraîner des comportements d’évitements ou à l’inverse de recherche sensorielle (ex. regarder les objets tourner ou les lumières, chercher des déséquilibres, renifler des objets ou des aliments, …)
On relève aussi un attachement significatif aux routines dans les activités de la vie quotidienne, caractérisé par des résistances aux changements. Mais celui-ci peut aussi se manifester par la présence de comportements ritualisés (verbaux ou non verbaux) pouvant avoir un caractère stéréotypé (ex. porter le même pull tous les lundis, aligner les livres d’école d’une certaine façon sur l’étagère, etc…).
L’intensité de ces comportements et intérêts, et l’impact qu’ils ont sur la vie quotidienne sont très variables en fonction des individus.
D’autre part, en plus des éléments issus de cette dyade de symptômes, on peut souvent observer chez les personnes ayant un TSA la présence d’autres troubles associés, que l’on appelle des comorbidités, et notamment des troubles neurodéveloppementaux (déficience intellectuelle, TDA/H, …). Une symptomatologie anxieuse ou des troubles de l’humeur peuvent également être retrouvés. La présence de ces différentes comorbidités accentue l’hétérogénéité des profils dans le spectre de l’autisme, avec des particularités cliniques pouvant être très variables.
Si vous souhaitez plus d’informations sur ce sujet nous vous proposons de vous renseigner auprès du site de l’Institut Pasteur.
Aménagements scolaires à prévoir avant l’accueil de l’élève, adaptés à ses particularités
1/ Préparer la venue de l’élève
Vous pouvez solliciter l’enseignant.e référent.e afin d’organiser une réunion d’équipe éducative en amont de l’accueil de l’élève, ce qui vous permettra de rencontrer la famille et des acteurs de la prise en charge de l’enfant. Ainsi, il sera plus facile de réfléchir ensemble à d’éventuels aménagements permettant un accueil adapté à l’élève en fonction de ses difficultés. Sachez également que certaines académies disposent dans le premier comme dans le second degré, de professeur.e.s ressources handicap dont la mission est d’accompagner les enseignant.e.s dans la prise en charge des élèves en situation de handicap.
Comme nous vous l’avons indiqué, les personnes avec TSA peuvent être perturbées par le changement et leurs particularités sensorielles peuvent les gêner lors de situations nouvelles pour prendre leurs repères. Imaginez un enfant qui arrive à l’école pour la première fois avec tous ses petit.e.s camarades qui excité.e.s, crient, s’enlacent, se bousculent, sautent, courent… Un enfant avec TSA pourra être parfois très vite fatigué par cette agitation : il pourra alors avoir peur ou se mettre facilement en colère, et explorera peu ce nouvel environnement. Afin d’anticiper ces situations, nous vous proposons quelques idées :
- Lors d’un changement d’école : permettre à l’enfant de visiter les lieux plusieurs fois avant la nouvelle année afin qu’il connaisse les itinéraires et s’habitue aux lieux. Une fois la rentrée scolaire passée, les stimuli sensoriels multiples, la présence des enfants… limiteront son exploration de l’école.
- Après les vacances : les transitions/changements sont souvent sources de stress, même si l’enfant ne l’exprime pas. Il a besoin de temps pour s’attacher aux routines de l’école ou pour les retrouver après les vacances. Soyez patient et n’hésitez pas à lui rappeler à la rentrée verbalement ou avec des supports visuels les séquences des routines de l’école (ex. on passe aux toilettes avant d’aller en classe, on pose son sac à tel endroit, le mardi il y a telle activité…).
2/ Sensibiliser la classe
En tant qu’enseignant.e vous ne pouvez pas être en permanence présent.e pour fluidifier les échanges entre les enfants et lorsqu’il y a des difficultés de compréhension entre des personnes, les conflits ne sont jamais bien loin.
Nous vous suggérons de discuter avec les parents afin d’organiser une rencontre avec des professionnels travaillant auprès de l’enfant pour sensibiliser les camarades de classe.
Les particularités, difficultés et comportements de l’enfant peuvent également être repris avec les autres parents d’élèves si besoin afin qu’ils n’attribuent pas les troubles du comportement à un manque d’éducation par exemple.
#Permettre aux autres enfants de comprendre le comportement de l’enfant avec TSA en verbalisant les possibles difficultés et attitudes/comportements bienveillants :
- L’enfant avec TSA ne fait pas l’objet de traitement de faveur mais ses besoins peuvent être différents des autres et nécessiter des ajustements spécifiques.
- L’enfant peut mal comprendre les situations, les émotions/les intentions des autres et ses réponses ou comportements peuvent donc paraître étranges par moments. Les camarades peuvent expliquer verbalement les situations ou solliciter l’adulte quand ils ne comprennent pas la réaction de leur camarade avec TSA.
- Il faut parler sans sous-entendu ou expression figurée ou alors en les expliquant : ex. “chouette, on a encore des choux de Bruxelles à la cantine…” ou “c’est mon petit doigt qui me l’a dit” seront source de confusion pour beaucoup d’enfants avec TSA.
- Les distances interpersonnelles entre lui et les autres peuvent ne pas toujours sembler adaptées : il peut se tenir trop près et toucher les autres sans que cela ne soit menaçant et il faut alors simplement le lui rappeler explicitement.
ex. “Comme le maître/la maîtresse nous l’a rappelé, la plupart du temps on ne se rapproche pas à moins d’une distance d’un bras de l’autre” ou “Je te demande de ne pas faire ça”.
- Il peut avoir des comportements a priori “bizarres” (ex. aligner les objets/jouets et les regarder de près, avoir des thèmes de collections peu communs, faire des mouvements avec ses mains, …) dans lesquels il prend du plaisir et qu’il convient de respecter et ne pas chercher à modifier ou supprimer si ces derniers ne dérangent pas les autres élèves ou le déroulement de la classe.
#Vous pouvez réaliser des activités de sensibilisation aux TSA dans votre classe : « expliquer l’autisme aux enfants«
#De manière générale, sensibiliser les enfants à la différence les aide à développer leurs compétences interpersonnelles et diminue les situations de harcèlement qui ont des répercussions majeures dans la construction des enfants. La création d’un espace permettant d’évoquer le harcèlement scolaire est un plus pour tous les enfants.
Pour aller plus loin :
- Vidéo YouTube autisme
- Deux minutes : mieux comprendre les stéréotypes
- TV5 monde autisme
- Fiche Clepsy
- Espace sans violence