La dépression du post-partum est un épisode dépressif qui survient après l’accouchement, et qui affecte environ une femme sur cinq. Les co-parents peuvent également être affectés et environ 10 % d’entre eux développent une dépression après la naissance de leur enfant. Ce phénomène, bien que moins médiatisé, peut toucher tous les co-parents. Voici quelques outils pour comprendre, détecter, prévenir et prendre en charge la dépression du post-partum du co-parent.
COMPRENDRE : le post-partum et la période périnatale en 5 points clés
1. La période périnatale : Un temps de transition. La période périnatale englobe la grossesse, l’accouchement, et la première année de vie de votre enfant. En tant que co-parent, vous ne portez pas physiquement l’enfant, ce qui peut rendre ce processus moins concret pour vous par rapport à votre partenaire. Ce “manque de connexion physique” peut parfois créer un sentiment d’éloignement ou d’impuissance. Il est normal de ressentir cela, car vous vivez cette transition de manière différente.
2. Le rôle parental en construction. Devenir parent représente un bouleversement émotionnel, personnel et relationnel. Vous pouvez parfois vous sentir « mis de côté » durant le suivi de grossesse, où l’attention médicale et sociale est généralement tournée vers votre partenaire. De plus, en tant que co-parent, vous pouvez également être exposé à des facteurs de stress supplémentaires, tels que la pression sociale ou professionnelle. Il est souvent attendu du co-parent qu’il soit un soutien constant, ce qui peut amplifier le sentiment de devoir être « fort » en toutes circonstances.
3. Le post-partum : une nouvelle étape. Le post-partum est une période de nombreux changements, où votre rôle devient plus concret. Vous ressentirez probablement une gamme d’émotions, allant de la joie d’accueillir votre bébé à la fatigue, au découragement, voire à l’inquiétude. Ces sentiments ambivalents sont normaux.
4. Les ajustements nécessaires. Prendre soin d’un nouveau-né exige une disponibilité mentale et physique constante. Cela peut accentuer le risque de stress et de dépression pour vous et votre partenaire, surtout si vous vous sentez dépassé par ces nouvelles responsabilités.
5. Vigilance et soutien. Il est essentiel de rester attentif à votre propre santé mentale. En tant que co-parent, il peut être plus difficile d’exprimer vos émotions, surtout lorsque l’on attend de vous que vous soyez un pilier constant. Pourtant, il est tout aussi important de prendre soin de vous, car un parent en bonne santé mentale est un atout pour toute la famille.
DÉTECTER – la dépression du co-parent, comment la reconnaître ?
Chez les femmes qui portent l’enfant, la dépression du post-partum est désormais mieux reconnue grâce aux efforts de sensibilisation des professionnels de santé et des réseaux sociaux. Cependant, la dépression du post-partum chez le co-parent est encore moins étudiée, moins connue, et souvent plus difficile à diagnostiquer.
Cela s’explique par plusieurs raisons :
- Attention médicale portée sur le bébé et la mère : dans les premiers mois après la naissance, l’attention des professionnels de santé est majoritairement concentrée sur la santé du bébé et de la mère.
- Symptômes plus discrets ou insidieux : chez le co-parent, les symptômes de la dépression peuvent être moins visibles, et se manifester de façon plus progressive.
- Difficulté à demander de l’aide : les co-parents peuvent avoir plus de mal à reconnaître leur souffrance et à chercher de l’aide.
De plus, dans une société où la parentalité est perçue comme une source d’épanouissement, admettre des difficultés ou des sentiments de mal-être peut générer un sentiment de culpabilité voire de honte. Il est donc crucial de rappeler que la dépression du post-partum n’est pas une faiblesse, même chez le co-parent, mais un trouble qui nécessite une attention et un soutien, tout comme la dépression maternelle.
Symptômes de la dépression chez le co-parent :
Les signes peuvent être plus discrets et apparaître progressivement, mais il est important de rester vigilant face à :
- Une irritabilité accrue ou des tensions au sein du couple ;
- Des plaintes physiques récurrentes (maux de tête, troubles du sommeil, changements d’appétit) ;
- Une perte de confiance en soi et en ses capacités parentales ;
- Un manque d’intérêt pour s’occuper de l’enfant ou des tâches familiales ;
- Une envie fréquente de s’absenter du domicile, parfois accompagnée d’une augmentation de la consommation d’alcool ou de tabac ;
- Une crainte d’être jugé ou d’admettre sa détresse.
Les symptômes plus classiques de la dépression, tels qu’ une tristesse persistante, une perte d’intérêt pour des activités autrefois plaisantes, et un sentiment de fatigue et de manque d’énergie, peuvent également se manifester.
PRÉVENIR : stratégies de protection et vigilance face aux risques
1. Comportements « protecteurs »
- Congé de paternité et d’accueil de l’enfant : le congé de paternité (28 jours) permet au co-parent de mieux s’adapter à l’arrivée de l’enfant et d’accompagner son partenaire.
- S’impliquer dans le suivi médical : participez aux rendez-vous médicaux pré- et postnataux pour être davantage impliqué dans le suivi de la grossesse.
- Préparation à la naissance et parentalité : assister aux séances de préparation à la naissance aide à comprendre les changements apportés par l’arrivée du bébé et les défis qui accompagnent la parentalité.
- Communication dans le couple : parlez ouvertement de vos attentes et préoccupations.
- Soutien social : identifiez les membres de la famille ou les amis proches qui peuvent offrir de l’aide ou du soutien émotionnel.
- Santé mentale et physique : veillez à votre bien-être. Essayez de vous reposer dès que possible, organisez des tours de garde avec votre partenaire pour éviter l’épuisement, et adoptez des habitudes saines : alimentation équilibrée, promenades, exercices de relaxation ou de respiration.
- Être informé et vigilant : connaissez les signes de la dépression du post-partum afin de les repérer dès qu’ils se manifestent. Si vous identifiez des symptômes précoces, n’hésitez pas à demander de l’aide.
2. Vigilance accrue en cas de situations « à risque »
Facteurs de risque du co-parent :
- Avoir des antécédents de dépression ou de troubles anxieux chez le co-parent ;
- Problèmes relationnels ou conjugaux avec votre partenaire durant la grossesse ;
- Complications durant grossesse ou à l’accouchement : accouchement difficile, grossesse inattendue, antécédents de fausses couches, enfant né prématuré ;
- Manque de sommeil, qui peut accentuer la fatigue et la détresse ;
- Manque de soutien social, qui peut aggraver le sentiment de solitude ;
- Stress lié à la parentalité et aux responsabilités qui en découlent ;
- Sentiment d’être exclu ou négligé par rapport à la relation mère-bébé.
PRENDRE EN CHARGE
La dépression du post-partum du co-parent nécessite un suivi et des soins. Sans prise en charge adaptée, cette dépression peut devenir sévère et avoir des conséquences non seulement pour la personne touchée, mais aussi pour le couple parental, l’enfant, et même les autres enfants de la famille.
Il est crucial de ne pas rester isolé face à ces difficultés. N’hésitez pas à exprimer vos doutes ou préoccupations auprès de votre entourage et des professionnels de santé. Vous pouvez vous tourner vers plusieurs interlocuteurs de confiance : votre médecin généraliste, le pédiatre, ou encore les équipes de la maternité ou de la PMI, qui sauront vous orienter vers des services spécialisés en périnatalité.
La prise en charge vise à vous soutenir mais aussi la mère de l’enfant et ce dernier . Il s’agit de rompre l’isolement souvent ressenti dans ces moments difficiles.
Les options de traitement incluent généralement :
- Thérapie : individuelle, de couple ou familiale, selon la situation.
- Médicaments : en cas de symptômes plus sévères, un traitement médicamenteux peut être recommandé.
- Renforcement du soutien social : par le biais de groupes de parents ou en resserrant les liens avec des amis et la famille.
- Sensibilisation et information : comprendre que la dépression post-partum est une condition médicale et non un signe de faiblesse est crucial pour combattre la stigmatisation et la culpabilité.
L’identification et la prise en charge précoce de la dépression post-partum chez le co-parent sont fondamentales pour minimiser les effets délétères de la dépression. Dès que les premiers signes apparaissent, il est impératif de chercher de l’aide.
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