TSA, Trouble du développement intellectuel : comment guider et développer de nouvelles compétences

Au quotidien, vos enfants présentant un trouble du spectre autistique avec ou sans déficit intellectuel associé, ont besoin de maintenir et de continuer à développer leurs compétences, leur autonomie.

Afin de pouvoir les aider au mieux dans ces moments d’apprentissage, nous vous proposons de faire le point sur la notion de guidance. Nous verrons comment mettre en place différentes guidances mais surtout comment les faire disparaître au fur et à mesure, pour rendre votre enfant plus autonome !


Une guidance, c’est quoi ?


autisme déficit intellectuel compétences - guidance c'est quoi ?
  • La guidance, appelée aussi incitation, aide, est un outil, un indice ou encore un signal. Elle a pour but de développer et d’appuyer l’acquisition de nouvelles compétences, de nouveaux comportements chez nos enfants, nos adolescents mais aussi chez l’adulte.
  • Les guidances servent à soutenir les nouvelles compétences afin d’éviter les échecs répétés qui pourraient démotiver et freiner les apprentissages. Elles facilitent donc les situations de réussite !
  • Elle s’utilise dans tous les contextes de vie de l’enfant et avec tous les intervenants. Elle est utilisée en amont du comportement attendu pour le voir apparaître de manière récurrente dans le temps. Mais elle est aussi et surtout pensée pour s’estomper et laisser la place à l’autonomie.
  • Dans les accompagnements cognitivo-comportementaux qui peuvent vous être proposés, il existe 5 types de guidance.

La guidance physique


  • L’adulte incite physiquement l’enfant pour l’aider à réaliser un comportement nouveau et attendu. Exemple : Yassine apprend le comportement “mettre son bol dans l’évier après avoir fini son petit-déjeuner” :
    • Lorsque le bol de Yassine est vide, l’adulte se place derrière lui ;
    • Il prend sa main et ensemble ils se saisissent du bol ;
    • Ils se lèvent et se dirigent vers l’évier ;
    • Ils déposent le bol dans l’évier.
autisme déficit intellectuel compétences - guidance physique
  • Pour ce type de guidance, l’adulte est un peu comme l’ombre de l’enfant. Il ne parle pas mais effectue les gestes avec lui (on parle alors de guidance en main sur main).

La guidance « modeling » – guidance par imitation


  • L’adulte effectue lui-même le comportement et l’enfant le reproduit en l’imitant. Exemple : Jeanne apprend le comportement “essuyer ses mains après les avoir lavées”
    • Lorsque Jeanne ferme le robinet après s’être lavé les mains, l’adulte se place en face ou à côté d’elle
    • L’adulte effectue le geste de se sécher les mains avec une serviette. Jeanne effectue les mêmes gestes, en même temps, avec sa propre serviette.
  • Pour ce type de guidance, il est nécessaire d’avoir prévu le matériel nécessaire en double (dans cet exemple deux serviettes, mais nous pouvons penser aussi à deux stylos et deux feuilles pour la guidance imitative de graphisme, deux verres pour apprendre à boire seul etc.).

La guidance « gestuelle »


L’adulte utilise un mouvement, un geste ou un signe qui donne un signal à l’enfant pour effectuer l’action, le comportement désiré. Exemple : Léo apprend la compétence “passer à la ligne lorsqu’il n’y a plus de place en bout de feuille” :

  • Léo est en train de recopier un texte seul ;
  • Lorsqu’il arrive au bout de la ligne, l’adulte pointe le début de la ligne du dessous pour qu’il continue d’y copier son texte.
              autisme déficit intellectuel compétences - guidance gestuelle
              • L’incitation gestuelle passe très généralement par le pointage d’un objet, d’un panneau, d’une personne etc.. Diriger son regard vers la réponse attendue, vers l’objet à saisir est également considéré comme une aide gestuelle.
              • Pour ce type de guidance, il est primordial de connaître les compétences d’attention conjointe de son enfant (sait-il suivre du regard le pointage ? A t-il la compétence de suivre le regard de l’autre pour se diriger vers un objet ? etc.).

              La guidance verbale


              L’adulte utilise des mots, des phrases qui peuvent aider l’enfant à s’engager dans le comportement attendu. Quelques exemples : “il faut mettre le manteau pour sortir”

              • “c’est l’heure d’aller dormir!”
              • “sors tes affaires de ton cartable « 

              Les incitations verbales sont très difficiles à retirer par la suite !

              Selon les profils, elles peuvent rendre l’enfant très dépendant de la consigne et non de l’environnement pour émettre le comportement spontanément.

              Il est préférable de les éviter au maximum même s’il est souvent plus facile et plus naturel de parler pour guider !


              La guidance visuelle


              L’adulte propose des repères visuels présents dans notre environnement quotidien. Mais il peut aussi s’agir de supports visuels que l’on crée (tels que: planning, bandes d’activités, pictogrammes etc.) pour soutenir des apprentissages nouveaux .

              • Quelques exemples créés pour de nouveaux apprentissages :

              5 étapes clés pour choisir et mettre en place d’une guidance pour un nouvel apprentissage


              Chaque guidance ou incitation doit être choisie en fonction des besoins, des particularités et du fonctionnement propre de votre enfant. Une méthode qui fonctionne pour un enfant peut ne pas convenir à un autre. Il est donc essentiel de personnaliser leur utilisation en tenant compte des situations, des environnements, de la compétence visée et des profils individuels.

              Étape 1 : Définir la compétence à enseigner

              La première étape consiste à identifier précisément la nouvelle compétence ou le nouveau comportement à enseigner.

              • Restez réaliste : Fixez un seul objectif à la fois pour permettre un apprentissage progressif et réussi.
              • Fixez de petits objectifs : Ces étapes simples permettent des réussites rapides, motivant ainsi l’enfant.
              • Exemple : Jean utilise seul sa fourchette, mais ne pique pas les aliments difficiles à attraper.
                • Objectif visé : Apprendre à Jean à piquer les aliments difficiles avec sa fourchette.
                • Prérequis : Vérifiez que Jean dispose des compétences de motricité fine nécessaires pour exécuter ce geste.

              Étape 2 : Choisir la guidance adaptée

              Une fois la compétence définie, choisissez la guidance la plus appropriée en fonction du profil de votre enfant et du contexte.

              • Questions à se poser :
                • Quelles actions ou gestes dois-je enseigner précisément ?
                  • Exemple : Le geste moteur de piquer les aliments avec la fourchette.
                • Quelle guidance initiale est la plus adaptée à mon enfant ?
              • Exemple :
                • Jean accepte le contact physique, mais ne maîtrise pas l’imitation et a des difficultés à comprendre les consignes verbales.
                • Choix de la guidance : La guidance physique est la plus adaptée.

              Étape 3 : Multiplier les situations d’entraînement (généralisation)

              Pour que la compétence soit acquise durablement, il est important de la proposer dans différentes situations et formes tout au long de la journée.

              • Répétition et variété : Répétez les apprentissages avec différents matériels et supports pour renforcer l’autonomie.
              • Exemple :
                • À chaque repas, proposez des aliments que Jean apprécie et qui nécessitent l’utilisation de la fourchette.
                • Intégrez d’autres situations ludiques pour travailler le geste :
                  • Piquer des morceaux de pâte à modeler et les transvaser d’un bol à un autre.
                  • Piquer des bougies sur un gâteau.

              Étape 4 : Planifier l’estompage de la guidance

              Avant même de commencer, réfléchissez à la manière dont la guidance sera progressivement retirée pour favoriser l’autonomie.

              • Pourquoi estomper ?
                • Une guidance ne doit pas devenir une dépendance. Son objectif est de permettre à l’enfant de réaliser seul la compétence ou le comportement visé.
              • Besoin d’accompagnement : Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à solliciter les professionnels qui suivent votre enfant.

              Étape 5 : Lancer l’apprentissage et renforcer les réussites

              Une fois les étapes préparatoires en place, mettez votre enfant en situation et guidez-le dans l’acquisition de la compétence.

              • Félicitez chaque effort : Dès le début, même si la réussite est partielle ou approximative, renforcez positivement l’apprentissage.
              • Exemple :
                • 1er essai :
                  • Placez-vous derrière Jean et guidez-le main sur main pour piquer l’aliment. Félicitez-le immédiatement : “Bravo Jean, tu piques avec ta fourchette, super !”
                • 15e essai :
                  • À distance (1,5 m), laissez Jean diriger sa fourchette et essayer seul. Lorsqu’il réussit, offrez un renforcement plus important : “Tu piques tout seul, tu es un champion, bravo !”

              Astuce : Tenir un carnet de bord

              Notez les progrès de votre enfant pour visualiser l’efficacité des guidances et ajuster leur estompage. Cela permet également de maintenir la motivation et de célébrer les succès ensemble.


              Les pièges à éviter !


              Lors de la mise en place de nouveaux apprentissages qui nécessitent de réfléchir à des guidances, il est important d’éviter certains pièges :

              • Une nouvelle compétence se travaille plusieurs fois dans la journée ! Il est important que vous favorisiez des situations d’entraînement dans différents contextes, avec différentes personnes, sur différents supports, pour généraliser dès le départ ce nouvel apprentissage.
              • Éviter autant que possible d’utiliser plusieurs guidances pour un même apprentissage ! D’où l’importance de bien se questionner et observer au départ. Il est plus judicieux de tester une première guidance qui vous semble pertinente pour votre enfant et de la changer si nécessaire par la suite dans le cas où elle ne fonctionnerait pas !
              • Éviter d’utiliser la même guidance trop longtemps si la nouvelle compétence n’émerge pas chez votre enfant !
              • Donnez-vous un repère : si après une semaine passée à essayer quotidiennement d’enseigner une nouvelle compétence à votre enfant, vous ne percevez pas d’ébauche d’acquisition, alors tester une nouvelle façon de guider !
              • Guidez votre enfant, oui, mais au bon moment !
              • Evitez d’ajouter de l’aide en oubliant qu’il y a peut-être d’autres compétences déjà en place chez votre enfant. Restez fixer sur LE comportement que vous attendez.
              • Prenons l’exemple du comportement à enseigner “piquer les aliments avec sa fourchette”. Vous apportez votre guidance au moment où votre enfant dirige sa fourchette vers les aliments et arrêtez la guidance lorsqu’il porte les aliments à sa bouche (action qu’il sait déjà faire seul). Si vous continuez à le guider pour ce comportement aussi, vous risquez de le rendre dépendant de vos guidances.
              • Aussi, n’attendez pas trop longtemps avant d’apporter votre aide pour un nouveau comportement ! Vous risquez de mettre votre enfant en situation d’échec. Généralement, comptez 3 secondes avant d’apporter votre guidance. Cela laisse le temps à votre enfant, essai après essai, de vous surprendre en engageant seule la nouvelle compétence !

              De la guidance totale à l’estompage, comment faire ?


              Lorsque vous mettez en place une guidance, il faut réfléchir au préalable à la manière dont vous allez l’estomper. Il est impératif d’éviter que votre enfant devienne dépendant de votre guidance. La fonction de celle-ci étant que votre enfant puisse, in fine, réaliser un comportement, une action ou un enchaînement de tâches réalisées seul !

              Ainsi, il existe différentes stratégies pour estomper les guidances et laisser votre enfant devenir de plus en plus autonome. Voici la liste :

              • Réduire l’intensité de la guidance : Réduire l’intensité d’une aide signifie continuer à donner la même aide mais avec de moins en moins de force, moins de contact. Exemple : j’apprends à mon enfant à allumer l’ordinateur.

              1. J’utilise d’abord la guidance physique en faisant du main sur main pour appuyer sur le bouton.

                  2. Dans un second temps, je mets en place un estompage dans le même type de guidance. Je pose alors ma main sur son coude pour accompagner le geste.

                  3. Enfin, lorsque j’observe mon enfant de plus en plus spontané, je donne une simple impulsion sur son épaule pour amorcer le début du geste. Mon enfant finit le mouvement seul et appuie seul sur le bouton d’allumage.

                  • Changer de type de guidance : Le changement de guidance implique de passer d’une aide intrusive à une aide moins intrusive à mesure que la nouvelle compétence s’installe. Exemple : j’apprends à mon enfant à remplir son bol de lait seul.

                  1. Dans cette situation, selon le profil de mon enfant, je décide de commencer à guider verbalement les différentes étapes : “ouvre le frigo ; prends la bouteille de lait ; pose-la sur la table ; va chercher ton bol ; pose-le sur la table ; ouvre la bouteille de lait ; verse du lait dans ton bol ; repose la bouteille ; referme la bouteille de lait ; remet la bouteille au frigo.

                  2. Pour estomper cette guidance, au fur et à mesure des essais dans différentes situations, je décide de passer à des guidances gestuelles. Je pointe alors en direction de chaque étape (le frigo, la bouteille, la table, le bol etc.).

                  • L’estompage temporel des guidances : L’estompage temporel d’une guidance réside dans le fait d’augmenter petit à petit le temps de présentation de la guidance. Par exemple, lorsque l’on donne une consigne, nous laissons un délai à l’enfant, pour lui donner l’opportunité de s’engager dans le comportement tout seul. Exemple : j’apprends à mon enfant à enchaîner les exercices sur fiche.

                  1. Lors des premiers essais guidés, lorsque mon enfant termine un exercice, j’apporte mon aide en pointant l’exercice suivant dans les 3 secondes.

                    2. Par la suite, lorsque mon enfant termine un exercice, j’attends 5 secondes et je pointe l’exercice suivant si besoin. Je laisse donc le temps à mon enfant d’engager la nouvelle compétence spontanément.

                    Lancez-vous et faites-vous confiance ! Les professionnels qui vous accompagnent et vous soutiennent au quotidien sont disponibles pour vous aider à la mise en place de ces outils. N’hésitez donc pas à faire appel à eux !

                     


                    Références

                    Auteurs

                    Marie CANAVESIO
                    Psychologue

                    Keissa SEFIANE
                    Educatrice spécialisée

                    Valérie VANTALON
                    Psychiatre

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