L’ARFID : c’est quoi ?

Rédigé par Chloé Porte (orthophoniste), Leïla Carletti (psychologue), Marie Hooreman (infirmière), Sarah Helbert (diététicienne), Anaël Ayrolles (psychiatre), Coline Stordeur (pédopsychiatre)

L’ARFID, ou Trouble de l’Alimentation Évitante Restrictive, est un trouble nutritionnel où l’enfant n’absorbe pas suffisamment de nourriture pour répondre à ses besoins nutritionnels, sans volonté de perdre du poids. Cette condition diffère des problèmes alimentaires transitoires fréquents dans l’enfance, qui se résolvent spontanément. Dans les cas où les difficultés alimentaires sont sévères ou prolongées, une évaluation pédiatrique est cruciale pour identifier des carences et des causes sous-jacentes telles que des troubles gastro-entérologiques ou allergiques. L’ARFID nécessite souvent une approche multidisciplinaire avec l’intervention d’un médecin, d’un orthophoniste ou encore d’un pédopsychiatre, pour restaurer des habitudes alimentaires saines et soutenir le développement de l’enfant.

Ces situations ne sont pas si rares, voici quelques informations qui vous seront utiles.

 

Vous avez dit ARFID ?

Cet acronyme anglo-saxon désigne un trouble du comportement alimentaire qui se manifeste par une difficulté persistante de l’enfant à couvrir ses besoins en énergie, en vitamines ou en minéraux avec ses apports alimentaires.

Les symptômes fréquents sont : 

  • Des prises alimentaires réduites en quantité : L’enfant mange moins que nécessaire, ce qui peut être insuffisant pour couvrir ses besoins nutritionnels.
  • Une satiété rapide : L’enfant se sent vite rassasié et indique rapidement qu’il n’a plus faim.
  • L’éviction spécifique de certains aliments : Il évite certains types d’aliments (voir certaines familles entières d’aliments), ce qui peut restreindre encore plus son apport nutritionnel.
  • Généralement le diagnostic d’ARFID est associé à un poids insuffisant pour l’âge de l’enfant, mais il n’est pas rare de retenir le diagnostic chez des enfants avec un poids normal ou même en surpoids. Présence précoce des symptômes : Les problèmes alimentaires apparaissent généralement avant deux ans, souvent observés lors de la diversification ou l’introduction des morceaux.
  • Néophobie alimentaire, c’est-à-dire l’incapacité à goûter un aliment nouveau. C’est une étape normale dans le développement de l’enfant, notamment aux alentours de 2 ans, mais lorsqu’elle persiste dans le temps, elle peut entraîner une sélectivité marquée et des difficultés à changer les habitudes alimentaires.
  • Rigidité : résistance aux changements des routines alimentaires rendant les changements d’habitudes très difficilement tolérables.

 

Facteurs favorisants

Il existe plusieurs facteurs qui participent à l’éviction alimentaire (= ne pas manger certains aliments) et qui peuvent s’associer entre eux. Ainsi, un ou plusieurs domaines peuvent être impactés :

  • Le domaine moteur : Certaines habitudes comme respirer par la bouche, une position de langue basse, ou encore des difficultés à déglutir ou à mastiquer, peuvent augmenter les difficultés alimentaires et avoir des conséquences sur la durée des repas ou le choix des textures par exemple.
  • Le domaine sensoriel : Une hypo ou hypersensibilité peut amener l’enfant à sélectionner les aliments en fonction de leur texture, de leur goût ou de leur odeur. 
  • Le domaine psycho-comportemental : La présence de symptômes phobiques (angoisse après un épisode de fausse-route ou de vomissement, par exemple), la rigidité pour la présentation de son assiette ou les marques des aliments, l’installation à table ou encore l’anxiété peuvent entraîner une éviction de certains aliments.

Certains enfants présentent également un manque d’intérêt pour l’alimentation. Manger ne leur fait généralement pas plaisir, ce n’est pas une activité agréable.

 

arfid : c'est quoi

 

Pourquoi il est important d’être vigilant ?

Il est essentiel d’être attentif aux signes décrits plus haut car contrairement aux difficultés alimentaires transitoires et courantes, l’ARFID se caractérise par une difficulté persistante à couvrir les besoins nutritionnels. Cette vigilance permet de détecter rapidement les comportements alimentaires atypiques, comme la réduction marquée de la quantité d’aliments consommés, une satiété rapide, ou l’évitement de certains aliments. En intervenant tôt, on peut prévenir des carences nutritionnelles et favoriser des habitudes alimentaires saines.

 

ARFID : Quand consulter ?

Il est conseillé de consulter un professionnel de santé si votre enfant présente des difficultés alimentaires persistantes qui ne se résolvent pas spontanément. Des signes tels qu’une consommation alimentaire très limitée, une forte sélectivité alimentaire, ou des repas très courts peuvent indiquer la nécessité d’une évaluation. Si ces comportements alimentaires entraînent une perte de poids ou semblent affecter la croissance et le bien-être de votre enfant, une consultation pédiatrique est particulièrement recommandée.

 

Qui consulter ?

Un suivi par une équipe multidisciplinaire, incluant un pédiatre, un nutritionniste, et éventuellement un orthophoniste et un pédopsychiatre, peut être bénéfique pour élaborer un plan d’intervention global et adapté aux besoins spécifiques de votre enfant.

  • Le pédiatre permettra de rechercher et corriger d’éventuelles carences ;
  • L’endocrinologue pourra surveiller le retentissement sur la croissance et le développement pubertaire ;
  • Le psychiatre : ces troubles sont fréquemment associés à des troubles anxieux et/ou des troubles du neurodéveloppement tels que le trouble déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité et le trouble du spectre de l’autisme ;
  • Une prise en charge nutritionnelle et une rééducation dite de l’oralité, avec un orthophoniste, permettra d’évaluer et rééduquer les fonctions de mastication et de déglutition de l’enfant, de travailler l’exploration sensorielle de nouveaux aliments, et de travailler la diversification alimentaire.

 

Que faire à la maison ? 

Il est important de ne pas forcer un enfant présentant des troubles alimentaires, afin qu’il n’associe pas le repas à une émotion négative. Le forçage peut aggraver et renforcer le trouble, entraînant l’enfant à mettre en place des stratégies d’évitement de plus en plus importantes.

Afin d’aider au mieux votre enfant à tolérer les changements et à accepter un nouvel aliment, quelques stratégies peuvent être proposées, et vous pouvez les retrouver en suivant ce lien

 

arfid : les stratégies

 

Ne manquez pas notre série de vidéo sur le sujet en suivant ce lien.

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